Gazoduc Coastal GasLink : La GRC a violé les droits des manifestants autochtones, dit un rapport d’Amnistie

(Vancouver) Un chef héréditaire d’une Première Nation de Colombie-Britannique au centre des manifestations contre le gazoduc Coastal GasLink affirme qu’un rapport d’Amnistie internationale dit la vérité sur les « violations policières » des droits autochtones lorsqu’elle a expulsé et intimidé des manifestants.

Le rapport publié lundi critique la gestion des manifestations sur le territoire Wet’suwet’en, dans le centre de la Colombie-Britannique, entre 2019 et 2023, incluant plusieurs descentes de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) contre des manifestants en 2019, en 2020 et en 2021.

Le document a conclu que les consultations sur le projet n’étaient pas conformes aux normes internationales en matière de droits de la personne et violaient le droit à l’autonomie gouvernementale de la nation Wet’suwet’en.

Le rapport d’Amnistie internationale indique que l’injonction du tribunal contre les blocages a permis la surveillance et l’intimidation « illégales » des manifestants, ainsi que les arrestations arbitraires qui ont violé les droits des individus à la liberté d’expression et à la réunion pacifique.

« Ce n’est ni la première ni la seule fois où les injonctions sont utilisées au Canada comme outil permettant aux entreprises et aux autorités gouvernementales de contourner l’autorité autochtone », a déclaré Ketty Nivyabandi, secrétaire générale de la division anglophone d’Amnistie internationale Canada.

« Ainsi, ce qui ressort clairement de notre rapport, c’est que l’intimidation, le harcèlement, la surveillance illégale et la criminalisation des défenseurs des terres Wet’suwet’en faisaient partie d’un effort concerté visant à les expulser de leur territoire ancestral, afin de permettre à la construction du pipeline de se poursuivre. »

Le chef héréditaire des Wet’suwet’en, Na’moks, a déclaré, lors d’une conférence de presse à Vancouver qui annonçait la publication du rapport, que les manifestants autochtones étaient victimes de discrimination raciale et de harcèlement de la part de la GRC et de la sécurité de Coastal GasLink lorsque les membres défendaient leur droit de permettre ou de refuser des projets sur leur territoire.

« Ils continuent de légiférer pour aider l’industrie pétrolière et gazière et les sociétés minières, a déclaré le chef Na’moks, à propos des gouvernements fédéral et provincial. Ce n’est pas ce que le Canada est censé être. »

« Le Canada devrait être ce que nous faisons, en gardant tout libre pour tout le monde, la possibilité d’être sur ses propres terres, la capacité de parler et de communiquer entre nous sans être intimidés, sans être arrêtés. »
Des rafles « disproportionnées »

Le rapport indique que certains manifestants ont été victimes d’intimidation et de violence fondées sur le sexe et la race, des personnes étant détenues pendant plusieurs jours avant leur enquête sur la libération sous caution, tandis que d’autres participants autochtones ont été forcés de comparaître « enchaînés et en sous-vêtements » devant un juge.

Les rafles de la GRC contre les manifestants en 2019, en 2020 et en 2021 ont été « disproportionnées », impliquant des dizaines d’officiers « armés de fusils de précision semi-automatiques », de chiens, de bulldozers et d’hélicoptères, selon le rapport.

« Je suis le fils d’un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale, a affirmé le chef Na’moks. Je suis le fils d’un survivant des pensionnats. Ils se sont battus si fort pour s’assurer que nous puissions avoir un avenir meilleur, et c’est pour cela que nous nous battons. »

« Chaque fois que nous, les Wet’suwet’en, offrons au gouvernement une branche d’olivier, ils la cassent en deux et nous giflent avec. »

Dans une réponse écrite, le porte-parole de la GRC, Kris Clark, a déclaré que même si la police espère toujours que les manifestations se termineront sans interventions, ordonnances et injonctions de la Cour suprême de la Colombie-Britannique, elles « ne sont pas des invitations ou des suggestions facultatives », et la police « n’a pas la possibilité de refuser de les appliquer ».

M. Clark a également indiqué que les manifestations contre le gazoduc Coastal GasLink n’avaient pas été pacifiques ni légales, avec un incident survenu en février 2022, qui a été filmé, où des individus ont attaqué des véhicules de l’entreprise avec des haches alors qu’un employé était à l’intérieur.

Il a déclaré que la GRC ne cible personne ni aucun groupe uniquement sur la base de son origine raciale, ethnique ou religieuse. Elle se concentre plutôt sur « la criminalité et les comportements observés ou soupçonnés ».
TC Énergie se défend

TC Énergie, propriétaire de gazoduc, a dit dans une déclaration écrite qu’elle était toujours en train d’examiner le rapport, mais qu’elle avait fait preuve de transparence en fournissant des informations à Amnistie sur son « engagement en faveur de relations respectueuses avec les communautés autochtones et locales » dans les régions d’exploitation.

« Coastal GasLink n’a pas reçu les recherches sur lesquelles Amnistie s’appuie ni n’a eu la possibilité d’examiner les preuves qui sous-tendent les affirmations initiales d’Amnistie internationale, indique le communiqué. Jusqu’à présent, nous avons été confrontés à des préjugés sélectifs dans la manière dont ils ont traité les informations partagées ainsi que dans leur décision d’exclure des voix importantes. »

L’entreprise a déclaré que même si elle a pris des « mesures extraordinaires » pour s’engager auprès des communautés autochtones telles que les Wet’suwet’en, elle doit également « prendre les mesures nécessaires » pour protéger la sécurité des travailleurs du projet.

Amnistie appelle les gouvernements fédéral et provincial à cesser immédiatement l’utilisation et à suspendre « tous les permis et approbations » pour le gazoduc Coastal GasLink, et à abandonner toutes les accusations portées contre les manifestants wet’suwet’en.

L’organisation souhaite également que des politiques soient mises en place pour empêcher le recours aux injonctions judiciaires pour « porter atteinte » aux droits des groupes autochtones à l’avenir.

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