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Pendant ce temps, la répression continue au Bélarus

Août 2020, en réponse à la cinquième réélection de Loukachenko, les plus grandes manifestations populaires jamais vues au Bélarus furent organisées. Après seulement quelques jours, le président donna l’ordre de tirer sur la foule. Une dizaine de citoyens ont été tués, des centaines blessées, des dizaines de milliers arrêtés. Le KGB fouilla les médias sociaux afin de retrouver et arrêter le plus de manifestants possibles. Parmi les plus recherchés, il y avait Victor, un manifestant de 4 ans (vous avez bien lu, ce n’est pas une faute de frappe). Il vit depuis en exil avec sa mère. Notez ici que c’est le seul pays d’Ex-URSS à avoir gardé le nom KGB pour sa police secrète et que celle-ci est particulièrement active. Au moment d’écrire ces lignes, soit le 25 janvier, il y avait encore 1436 prisonniers politiques. Plus de trente anarchistes et antifascistes croupissent toujours en prison selon ABC-Belarus. Tous n’ont pas le statut de prisonnier politique : le support international étant difficile à obtenir lorsque vous avez commis des gestes soi-disant violents. D’autres on fuit le pays afin d’éviter de sévères peines de prison.
Mais qui est ce Loukachenko qui préside le pays depuis 1994? Selon d’anciens politiciens l’ayant côtoyé, il n’est pas particulièrement intelligent ni charismatique. Après la chute de l’Union Soviétique, il a profité de sa position dans la lutte contre la fraude pour être devant toutes les caméras. Un kid kodak à la Denis Coderre, quoi! Il est même ami avec Gérard Depardieu à qui il apprit l’utilisation de la faucille. Ancien directeur d’usine d’État, ce n’est qu’après sa première élection que le fait totalement anodin qu’il battait des employés fut dévoilé. C’est aussi un dictateur à moustache.
Le Bélarus est le seul pays européen pratiquant toujours la peine de mort, exécution par balle en plus! Le jour de l'exécution, des fonctionnaires annoncent au détenu que ses appels ont été rejetés. Il est emmené dans une pièce voisine, les yeux bandés, où on le force à s'agenouiller. Le bourreau tire alors à l'arrière de sa tête. Le tout ne dure pas plus de deux minutes. Les restes du condamné sont enterrés secrètement et la famille est informée que l'exécution a eu lieu. En mai dernier, « les tentatives d'exécution d'actes terroristes » furent ajoutés à la liste des offenses éligibles. Il s’agirait d’une mesure en réponse aux actes de sabotage sur le réseau ferroviaire, tactique utilisée par des opposants à l'invasion de l'Ukraine pour empêcher les forces russes stationnées au Bélarus de franchir la frontière. Selon le groupe anarchiste Pramen, il ne s’agit pas d’une augmentation des mesures répressives, mais plutôt une façon d’intimider ceux qui pourraient envisager de poser de tels actes. D’autres tactiques sont déjà employées comme la mention « susceptible de se suicider » au dossier d’un détenu. Facile alors d’expliquer une mort en détention.
Le 11 novembre 2020, le blogueur anarchiste Mikola Dziadok a été torturé, chez-lui, lors de son arrestation. Une confession vidéo diffusée le lendemain par le ministère de l'Intérieur le montre s’incriminant d’avoir « comploté pour renverser le gouvernement. » Les chaînes de télévision contrôlées par le gouvernement présentent en boucle les arrestations et les « confessions » de manifestants. Les blessures de leur visage sont visibles: l’État ne prend même plus la peine de camoufler les tortures. Sur la vidéo, Mikola a visiblement été gazé dans les yeux et l'on peut voir des ecchymoses sur son visage. À son arrivée au poste, il demeure allongé sur le ventre pendant quatre heures. Il est matraqué, frappé sur les talons avec un taser et menacé de viol. Un an plus tard, il est condamné à cinq de prison où il continu de subir des persécutions : cellule de punition, privation de visites et de sa correspondance. Les gardes vont jusqu’à lui lire les lettres reçues avant de les déchirées sous ses yeux. Depuis son arrestation très médiatisée, les agents du KGB menacent les autres militants de subir les mêmes tortures pour qu’ils parlent.
Cette répression envers les militants anarchistes dure depuis plus d’une décennie. Le blogueur Bad Immigrant raconta un événement ayant eu lieu en 2012 lorsque la police est débarquée dans un show hardcore à Minsk et arrêta des centaines de punks. À un certain moment, entre vingt et trente personnes arrêtées sont debout dans le couloir du poste de police. Certains attendent la procédure de prise d'empreintes digitales et d'autres que les policiers prennent leurs déclarations. Le blogueur refuse de donner ses empreintes digitales, ce qui énerve particulièrement les agents. Alors qu’il est agenouillé, un flic anti-émeute s'approche de lui et commence à le frapper par derrière, en se tenant sur ses jambes, lui fracassant la tête contre le mur. Il termina sa nuit en prison.
Les violences et la répression se poursuivent au Bélarus, mais l’attention médiatique et la solidarité anarchiste se sont tournée vers la guerre en Ukraine. Et lorsque le Belarus est nommé, c’est au côté de la Russie. Les anarchistes en exil tentent toujours d’aider leurs compagnons en parlant d’eux partout où ils peuvent et en récoltant de l’argent. Lorsque nos prisonniers sont oubliés, nos oppresseurs ont gagné. Peu importe le pays.

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