Viol présumé d'une Canadienne à Paris: 3 policiers suspendus

Deux policiers d'élite ont été inculpés pour viol en réunion d'une touriste canadienne au sein même du siège historique de la police à Paris: face à cette affaire «grave», le gouvernement a promis dimanche la fermeté.

Deux hommes de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI, antigang) ont été inculpés dans la nuit de samedi à dimanche pour viol en réunion, selon une source judiciaire. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire.

Un troisième policier déféré samedi devant la justice a été entendu par un juge d'instruction comme témoin assisté, intermédiaire entre simple témoin et inculpé.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a, lui, décidé «de suspendre de leurs fonctions les trois policiers mis en cause, compte tenu de la gravité des faits reprochés», et a promis de tirer «toutes les conséquences» si les accusations étaient fondées.

Au total, quatre policiers de la BRI avaient été placés en garde à vue jeudi, mais l'un d'eux avait été remis en liberté samedi sans aucune charge.

L'un des deux inculpés a reconnu une relation sexuelle avec la plaignante, une Canadienne de 34 ans, mais soutient qu'elle était consentante. Il conteste «fermement» tout viol, a déclaré son avocat Sébastien Schapira à l'AFP. Il avait nié tout rapport dans un premier temps, comme ses collègues qui n'ont pas, eux, modifié leur position.

La jeune touriste canadienne n'a, elle, «pas varié dans ses déclarations» depuis le début de l'affaire, relève-t-on de source proche de l'enquête.

Samedi, le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire pour viol en réunion et modification de l'état des lieux d'un crime. Une source proche de l'enquête a précisé que les bas et les lunettes de la jeune femme ont disparu après les faits dénoncés par la touriste.

L'image du «36» ternie

Cette affaire, «extrêmement grave si les faits sont avérés» selon un haut responsable policier, a provoqué une onde de choc au siège centenaire de la police judiciaire (PJ) parisienne. L'emblématique «36», car situé au 36 quai des Orfèvres, dans le centre de Paris, abrite des services d'élite comme la Brigade criminelle ou la BRI, spécialisée dans les interventions difficiles et les interpellations à haut risque.

«C'est un moment difficile à vivre pour les policiers du 36, car quoi qu'il arrive, et quelle que soit l'issue de cette affaire, son image risque d'en pâtir, et pendant un certain temps», avait confié vendredi un enquêteur sous couvert d'anonymat.

Les faits dénoncés par la plaignante auraient eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi. Elle affirme avoir rencontré les hommes de la BRI dans un pub irlandais du quartier Saint-Michel, où beaucoup de policiers ont leurs habitudes, non loin du siège de la PJ. Après une soirée arrosée, elle aurait, selon ces sources, accepté de les suivre dans leurs locaux, quai des Orfèvres, de l'autre côté de la Seine. C'est en ressortant, visiblement sous le choc, qu'elle a affirmé à l'agent de faction avoir été violée avant de porter plainte.

Des examens médicaux ont été réalisés ainsi que des prélèvements ADN, dont on attend encore le résultat.

Des perquisitions ont eu lieu au domicile des policiers par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la «police des polices», qui se sont également déplacés sur le lieu du viol présumé.

«Des enquêtes disciplinaires» ont été engagées par l'IGPN, «pour les manquements d'ores et déjà avérés au droit de la fonction publique, à la déontologie et au règlement général d'emploi», a rappelé dimanche le ministre de l'Intérieur.

Bernard Cazeneuve a renouvelé «son entière confiance» aux membres de la police parisienne au moment où, «par les manquements de quelques-uns, l'institution dont ils sont légitimement fiers est affectée».

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