Pirate informatique à 12 ans - Le garçon a piraté des sites gouvernementaux québécois lors du printemps étudiant

Un garçon de 12 ans était derrière le piratage de plusieurs sites internet gouvernementaux et de la police pendant la crise étudiante. Certains sites avaient été mis hors-service jusqu’à deux jours au nom d’Anonymous.

L’enfant en cinquième année d’école primaire avait causé des dommages évalués à 60 000 $ lors du printemps étudiant de 2012, mais il n’avait pas agi par conviction politique. Car en échange des informations piratées, il demandait à Anonymous des jeux vidéo.

Accompagné de son père au Tribunal de la jeunesse hier, le petit garçon habillé en uniforme d’école semblait gêné devant la juge Michèle Lefebvre. C’est d’ailleurs d’une petite voix fluette qu’il a plaidé coupable de trois accusations en lien avec des crimes informatiques.

Car le petit, vivant à Notre-Dame-de-Grâce, adepte de l’informatique depuis l’âge de neuf ans, avait causé de graves dommages à des sites web gouvernementaux. Il avait ciblé la Caisse des policiers, le site de la police de Montréal, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et un site web gouvernemental chilien.

À ce jour, les policiers estiment les dommages à 60 000 $, mais un rapport détaillé sera produit lors des représentations sur sentence du petit, le mois prochain, en Chambre jeunesse.

En plus d’avoir contribué à faire «planter» ces sites, il avait aussi obtenu l’accès à des bases de données interdites au public, le tout au nom du regroupement de pirates Anonymous.

Le garçon était d’ailleurs très actif sur une plateforme d’échange internet baptisée «OpQuébec» (Opération Québec) d’Anonymous.

«Allez on shut down spvm.qc.ca, avait écrit le petit crack informatique en mai dernier, selon le récit de la couronne hier. Les gars, j’ai trouvé plein de noms d’usagers et d’administrateurs!»

Et une fois les failles informatiques trouvées, il encourageait d’autres usagers à l’imiter.

«C’est facile à hacker mais n’y allez pas trop fort, ils vont vous retracer», avait écrit le jeune de 12 ans.

PLUSIEURS TYPES D’ATTAQUES

Selon le résumé de la preuve révélé hier, l’accusé avait utilisé trois types d’attaques informatiques.

La plus simple permettait de rendre hors service un site web en utilisant une attaque de déni de service (DDOS). Il inondait ainsi les serveurs ciblés, les rendant inopérants.

Son deuxième type d’attaque permettait d’altérer les informations apparaissant sur un site, comme la page d’accueil. Et la dernière méthode, appelée «Injection SQL», lui a permis d’exploiter une faille de sécurité afin d’obtenir l’accès à des bases de données contenues dans les serveurs des sites visés.

«Et il a expliqué à d’autres comment faire», a témoigné un expert de la police de Montréal hier.

D’autres individus avaient été arrêtés dans cette affaire, mais c’est le jeune, qu’on ne peut pas identifier en raison de son âge, qui aurait ouvert la «porte» à plusieurs des attaques, selon la preuve de la Couronne.

POUR DES JEUX VIDÉO

«Il voyait ça comme un défi, il n’avait que 12 ans, a lancé l’avocat de la défense, hier. Il n’y a pas de finalité politique.»

Et quand il ouvrait une «porte» sur les sites web, il diffusait l’information en échange de jeux vidéo, a relaté la couronne hier. On ignore toutefois s’il en a reçu. En attendant sa sentence, il restera en liberté sous conditions, dont celle de ne pas avoir d’ordinateur chez lui.

«C’est une punition [pour notre famille], mais aussi une bénédiction», a déclaré le père hier, faisant référence à ses enfants qui ne seraient plus cloués devant un écran d’ordinateur.

Ce n’est pas le premier crack informatique à Montréal. On se rappelle qu’en 2000, un jeune de 15 ans s’était rendu célèbre pour avoir piraté des sites internet à forte affluence comme Yahoo!, EBay, CNN et Amazon.

Mafiaboy avait commis des dommages évalués à 1,7 milliard $ et avait été condamné en Chambre jeunesse à huit mois dans un centre de détention jeunesse. Il avait reçu par la suite plusieurs offres d’emploi en cybersécurité.

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