Le chef du SPVM défend ses troupes

Le chef de police de Montréal n'entend apporter aucun changement majeur en réaction au dépôt du rapport de la commission Ménard, qui critique le travail de la police pendant la grève étudiante de 2012, mais passe sous silence plusieurs aspects importants de la crise, selon lui.

Interrogé par La Presse vendredi lors de la cérémonie d'assermentation d'une vingtaine de nouvelles recrues, à Anjou, le directeur Marc Parent a vigoureusement défendu le travail de ses troupes.

«Je ne dis pas qu'il n'y avait pas matière à réflexion ou à amélioration sur certains points. Mais le rapport omet de rappeler comment, dans l'ensemble, les policiers ont fait un travail exceptionnel dans des conditions difficiles. J'aurais aimé au moins un paragraphe sur les aspects positifs des interventions», a-t-il lancé.

Près des deux tiers des recommandations du rapport Ménard visent les policiers, qui sont notamment blâmés pour leurs stratégies de contrôle des foules et les conditions de détention imposées aux manifestants arrêtés. La Commission recommande aussi d'interdire le poivre de Cayenne, sauf si la vie du policier est en danger, et suggère d'interdire les grenades assourdissantes. Elle demande aussi un moratoire sur les balles de plastique.

Marc Parent, qui avait témoigné devant la Commission, a lu les 450 pages du rapport. Pour lui, la plupart des améliorations souhaitables sont déjà en place.

«L'accès à des toilettes et à l'eau pour les personnes qui sont arrêtées, la vitesse du traitement lors des arrestations ont été grandement améliorés», dit-il. Le SPVM dit pouvoir «traiter» 400 personnes arrêtées en l'espace de deux heures dorénavant.

La police utilisait déjà un système de haut-parleurs et les réseaux sociaux pour diffuser les ordres de dispersion avant de charger lors d'une manifestation, comme le recommande le rapport. Elle va bientôt acheter un système appelé Long Range Accoustic Device, une nouvelle technologie qui améliorera la diffusion.

Arrestations massives

Marc Parent sait à quel point les arrestations massives emprisonnant des centaines de personnes sont souvent critiquées. En démocratie, quand peut-on détenir une foule majoritairement pacifique en raison de quelques trouble-fête?

«Oui, il y a une réflexion à ce sujet. Il ne faut pas que ça devienne une façon facile et gratuite d'arrêter tout le monde. Mais quand on est près de l'émeute, pour prévenir la casse et la violence, ça demeure nécessaire», dit-il.

Quant aux outils comme les gaz irritants et les balles de plastique, ils sont là pour rester, dit Marc Parent, mais ils sont utilisés seulement lorsque c'est absolument nécessaire.

«Les armes intermédiaires sont essentielles. On veut éviter la confrontation au corps à corps», dit-il. Le poivre de Cayenne, c'est très précis en gestion de foule, ça peut être utilisé. Ça nous prend une certaine capacité si la situation dégénère.»

Le chef de police affirme que le rapport omet certains points importants de la crise. «Il aurait été intéressant de retrouver plus la dimension du basculement du climat social et du rôle qu'ont joué les associations étudiantes», dit-il.

Il affirme avoir senti une radicalisation du mouvement étudiant à un certain moment, alors que plus de manifestants cherchaient la confrontation avec la police. Un camion dans lequel il circulait a été la cible de projectiles pendant une manifestation. À l'occasion de la manifestation du 1er mai 2012, il dit que le SPVM a observé «300 personnes qui utilisaient des tactiques de Black Bloc», un nombre inégalé à Montréal, de mémoire de policier.

Catégories

Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc): 

Type de document: