COMMISSION SPÉCIALE SUR LE PRINTEMPS 2012 - Des reporters dénoncent la brutalité policière

Le caméraman William Ray et la journaliste Michelle Moore de la Concordia University Television (CUTV) ont raconté mardi les agressions commises par les forces de l'ordre envers les manifestants et les journalistes, dans le cadre de la commission spéciale d'examen des événements du printemps 2012.

William Ray est revenu sur la manifestation de Victoriaville, début mai 2012, avec l'une de ses vidéos à l'appui, estimant que l'agressivité des agents de la Sûreté du Québec (SQ) avait contribué aux échauffourées entre les deux camps.

«Il a fallu 20 minutes avant que l'ambulance arrive», a déploré le caméraman, en racontant qu'un manifestant saignait par terre, inconscient après qu'il eut reçu un objet contondant en plastique dur dans le visage.

M. Ray n'a pas vu de manifestants lancer des objets sur la police, si ce n'est une pièce pyrotechnique. Il a précisé que certains manifestants portaient des masques en prévention des gaz lacrymogènes, mais sans préméditation de gestes violents.

La journaliste Michelle Moore a pour sa part raconté l'agression qu'a subie une de ses collègues lors de la manifestation du 7 juin en marge du Grand Prix de Formule 1. «La manifestation était illégale, mais nous n'avions pas entendu l'ordre de dispersion. C'était une surprise de voir les agents anti-émeutes», a expliqué Mme Moore.

Elle et sa collègue s'étaient alors réfugiées sous le portique d'une boutique rue Sainte-Catherine, près de l'Université McGill. Elles ont été poursuivies par les agents, et l'un d'entre eux a frappé sa collègue. Elle s'en est sortie avec des commotions mineures et deux semaines d'arrêt de travail. Selon elle, sa collègue avait crié : «On est des membres de la presse, on est en direct», mais en vain.

Lors de 50e manifestation de nuit, la journaliste dit aussi avoir été témoin d'une «situation similaire. Une fille s'est fait plaquer par terre, le policier l'avait poussée sur un scooter.»

Beaucoup de situations comme celles qu'elle a décrites se seraient aussi produites en 2013, selon Mme Moore, comme le 1er mai lors d'une manifestation où elle a été prise en souricière puis arrêtée pendant de longues heures sans accès à l'eau et aux toilettes.

«C'est malheureux pour nous»

«Les manifestations auxquelles j'ai participé ont été exemptes de violences policières et soumises à un encadrement policier exemplaire», a soutenu pour sa part Pierre Jasmin, professeur à l'UQAM, précisant qu'il n'avait participé qu'aux grandes manifestations des «22» du mois. Il a néanmoins condamné le comportement de la matricule 728.

«Les policiers ne méritaient pas d'être pris dans le bras de fer entre des hommes politiques en fin de régime et de jeunes défenseurs du bien commun», a-t-il conclu.

Le chef du Service de police de la Ville de Québec, Michel Desgagné, a partagé ce point de vue lors des audiences en après-midi. «C'est malheureux pour nous. On ne se lève pas le matin comme policier en pensant que l'on prend son casque et son bâton pour aller les frapper».

Les audiences se sont terminées avec le témoignage de Rosie-Anne Vallières, coordonnatrice externe de l'Association des étudiants du Cégep de Sainte-Foy au moment des faits. «Dans le cadre de leur travail, les policiers étaient assez professionnels, mais il y a eu des abus de pouvoir», a-t-elle conclu.

Les audiences de la commission reprendront mercredi à 10h.

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