Ciblé par une enquête, un poids lourd du SPVM quitte la police

Ciblé par une enquête interne puis suspendu sans solde cette semaine en raison de fréquentations jugées dérangeantes par le SPVM, un poids lourd de la lutte antidrogue au Québec a quitté volontairement la police ce matin, laissant derrière lui plusieurs questions en suspens.

Le sergent-détective Philippe Paul, une véritable star de la division de lutte au crime organisé, a décidé de partir à la retraite, après environs 28 ans de service, a appris La Presse. Il laisse en plan plusieurs enquêtes majeures contre de gros trafiquants de drogues et d'influents joueurs du crime organisé. Des procureurs de la couronne devront aussi déterminer comment ils pourront mener à terme les procès où il devait témoigner.

Connu dans l'ensemble des organisations policières du Québec comme un des enquêteurs qui contrôle le plus d'informateurs dans les milieux criminels, Philippe Paul avait été la cible de plusieurs dénonciations de collègues à son sujet ces dernières années. Plusieurs l'accusaient d'être trop proche de ses sources. Le SPVM avait déclenché une enquête sans précédent sur ses fréquentations, avec l'aide de la GRC.

En janvier, l'enquêteur avait été retiré précipitamment de ses fonctions et assigné à un autre poste. On lui avait retiré tous ses dossiers d'enquête et ses accès aux bases de données policières.

Peu après, une entreprise de construction dans laquelle il est impliqué avait été la cible de cocktails Molotov. Puis, mardi dernier, il avait été suspendu sans solde.

Au sein du SPVM, selon nos sources, les troupes sont déchirées entre partisans de et adversaires du sergent-détective vedette, qui a été de plusieurs des plus gros coups de la police contre le crime organisé.

Son départ à la retraite signifie qu'il n'y aura aucune procédure disciplinaire à son endroit puisqu'il n'est plus policier. Mais selon nos informations, le volet criminel de l'enquête se poursuit, sous la direction de la division des affaires internes du SPVM.

La direction du SPVM est prudente, car Philippe Paul a beaucoup d'ennemis, tant à l'intérieur de la police que chez les criminels qu'il a pourchassés depuis les années 1980. Le corps policier veut éviter de crucifier un retraité aux longs états de service en raison de simples conflits personnels.

Jointe par La Presse, la division des communications du SPVM a d'ailleurs refusé de commenter le dossier personnel de son enquêteur.

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