Détenu mort à Bordeaux : La famille veut voir les vidéos de la prison

(Montréal) La famille de Nicous D’Andre Spring réclame à son tour toutes les vidéos qui pourraient exister et qui montreraient les circonstances entourant le décès du jeune homme noir de 21 ans à la prison de Bordeaux, le 24 décembre dernier.

« Ma famille exige que les vidéos lui soient remises et qu’elles soient rendues publiques parce que cela fait plus d’un mois maintenant que nous attendons des réponses et que nous n’avons rien », a déclaré mardi la sœur aînée du jeune homme, Sarafina Dennie, dans une conférence de presse virtuelle organisée par l’Association canadienne des libertés civiles (ACLC).

Nicous D’Andre Spring était illégalement détenu puisqu’un juge avait ordonné sa libération le veille de son décès, soit le 23 décembre. Il est mort après que des gardiens lui eurent mis un masque anti-crachat sur le visage et l’eurent aspergé de gaz poivré à deux reprises.

Son décès est survenu à l’hôpital où il avait été transporté.
« Le moment le plus douloureux de ma vie »

« Bien que cela puisse sembler traumatisant pour nous de voir ces vidéos, je crois que c’était encore plus traumatisant de voir mon frère étendu dans un lit d’hôpital, sans mouvement ou rien et aussi de le voir étendu dans un cercueil, a affirmé Mme Dennie. Ce fut le moment le plus douloureux de ma vie.

« Voir ces vidéos où ils l’ont brutalement agressé, menant à son décès, ne sera pas aussi douloureux que quand je l’ai vu dans le cercueil. »

Elle a dressé avec émotion le portrait d’un jeune homme passionné de musique, respectueux, généreux et responsable, qui était très près de ses enfants à elle, particulièrement de son fils.
Pas de fausses excuses

Me Noa Mendelsohn Aviv, qui représentait l’ACLC, a rejeté l’argument voulant que les vidéos soient retenues parce que l’affaire est sous enquête. « Ça pourrait prendre plusieurs mois, sinon des années avant que nous puissions avoir des réponses de ces enquêtes. »

La demande de la famille, a-t-elle ajouté, vient par ailleurs contrer un éventuel argument de protection de la vie privée. « Ce serait beaucoup trop facile pour l’établissement de détention de se cacher derrière le respect de la vie privée d’une famille qui ne réclame pas ce respect de la vie privée en ce qui a trait aux circonstances et à la violence que M. Spring a vécue. [Les membres de la famille] veulent de la transparence et une imputabilité publique et l’ACLC le réclame également. »
Racisme systémique

Pour l’ACLC, le décès de Nicous D’Andre Spring aux mains des autorités carcérales, comme de nombreux autres décès de citoyens noirs en détention ou aux mains des forces de l’ordre, s’inscrit dans une tendance sociale au Québec et au Canada. « Je crois que nous ne pouvons perdre de vue le fait qu’il y a du racisme systémique, du racisme anti-noir systémique par les forces de l’ordre et à travers tout le système », a dit Me Mendelsohn Aviv.

Depuis le décès, un gestionnaire et un agent des services correctionnels ont été suspendus. Une enquête administrative est en cours par la prison, la Sûreté du Québec mène une enquête criminelle et le coroner enquête également sur les circonstances de la mort de M. Spring.

Le 7 janvier dernier, la Coalition rouge, un organisme anti-racisme, avait également demandé que soient rendues publiques les vidéos de l’institution.

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