Saison 2, épisode 4: La prison pour migrant·e·s

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Transcription de l'épisode

Dans nos sociétés de surveillance, où tous nos moindres faits et gestes sont épiés, contrôlés, calculés, puis enregistrés dans d'immenses bases de données, réfléchir sur le rôle colonial, capitaliste et oppressif de la police et des prisons s'avère plus que jamais incontournable.

Quand de nouvelles vidéos d'interventions policières font scandale par leur violence raciste, les dirigeants les policiers et les politiciens parlent de pommes pourries. Mais si on observe la tendance de fond, ces bavures se répètent depuis des décennies. Les écarts de conduite des policiers sont systématiques; la violence policière est systémique.

Dans cette deuxième saison du Verger au complet, au menu, on vous propose des pistes de réflexion un peu plus spécifiques que les épisodes de la première saison. Toujours sous forme d'entrevues avec des personnes aussi passionnées que passionnantes, on abordera entre autre les impacts de ces institutions sur les travailleuses et travailleurs du sexe, la police au sein des communautés autochtones, le féminisme anti-carcéral, la militarisation de la police, la justice transformatrice et les prisons pour migrants et migrantes.

Il est grand temps d'en finir avec la vision libérale hypocrite et mensongère voulant que tous les vices de la police soient le fruit de quelques pommes pourries. Des racines aux bourgeons, les services de polices de tous les paliers sont autant de pommiers dégueulasses dans un horrible verger de pourriture(s). Attaquons-nous donc au Verger au complet !
Introduction de l'épisode

Nous en entendons peu parler, mais il existe plusieurs centres de détention pour migrants et migrantes au Canada, dont un à Laval, où des adultes et des enfants sont enfermé·e·s, seulement pour avoir essayé de venir vivre au Canada. C’est avec l’arrivée du navire MV Sun Sea en Colombie-Britannique en août 2010 que les médias on commencé à s’intéresser à la détention des personnes migrantes et à leurs conditions de détention. Rappelons que lors de cet événement, 492 personnes originaires du Sri Lanka s’étaient réfugié·e·s à bord du navire pour fuir les violences et la guerre civile dans leur pays en venant demander l’asile au Canada. En tout, ce sont 443 adultes et 49 enfants qui ont trouvé la détention comme politique d’accueil au Canada. En dehors de la période de COVID, c'est près de 8000 personnes qui vivent dans ces prisons, dont près de 2000 au Québec, entre autres dans la prison de Laval.

Pour cet épisode du Verger au complet, nous parlerons avec une membre du Comité anti-détention de Solidarité sans frontières, qui s'oppose à la détention des personnes migrantes et qui supporte les personnes incarcérées et leurs luttes.

Question: Comment as-tu commencé à t'impliquer avec le Comité anti-détention de Solidarité sans frontières ? Réponse: Ça fait à peu près 5-6 ans que je m'implique avec Solidarité sans frontière, moi j'ai vécu des expériences d'incarcération dans des centres de détention et en prison aussi. J'ai toujours eu une sensibilité face à l'incarcération, c'est ce qui m'a vraiment donné envie de m'impliquer auprès des personnes détenues. Ma famille aussi, tous les membres de ma famille ont vécu l'incarcération. Je m'implique dans le milieu abolitionniste montréalais depuis les 10 dernières années. SSF selon moi c'est un peu la continuité, entre autre parce que c'est quelque chose qu'on parle pas beaucoup la détention de migrant·e·s. À un certain moment on a commencé à faire des tournées un peu pour parler de la construction du nouveau centre de détention et j'étais étonnée de voir que les gens ne savaient pas du tout de quoi il s'agissait. Ça m'a donné encore plus envie de m'impliquer, entre autre dans le comité anti-détention de SSF.

Question: Quel est le travail du comité anti-détention ? Réponse: On fait plusieurs choses et ça dépend toujours de qui s'implique dans le comité et quelles sont les conditions carcérales à ce moment là, mais de façon générale on fait du soutient tant émotif que matériel avec les détenu·e·s. C'est-à-dire qu'on appelle les personnes qui sont détenues, on peut faire des liens avec leur famille. On s'assure d'avoir des personnes qui vont parler plusieurs langues aussi pour pouvoir communiquer avec les personnes en détention. On leur apporte des cartes d'appel, du matériel de base que ce soit du dentifrice etc. Souvent on va faire des relations avec les médias, parce que comme je disais il y a peu d'organisation qui s'intéressent à la détention de personnes migrantes. En étant en contact avec les gens on devient un peu... Souvent en fait ce que les gens nous demande à l'intérieur c'est de dénoncer qu'est-ce qu'il se passe dans la mesure de notre possible et avec la parole qui sont détenues on essaie de médiatiser ce qu'il se passe à l'intérieur des murs. Entre autres, lorsqu'il y a eu les grèves de la faim, y'en a eu une en 2020 et en 2021 le comité anti-détention de SSF s'est un peu recréé à ces moments là où y'avait des gens à l'intérieur qui avaient le désir de lutter et dénoncer leur situation donc on les a appuyé tant au niveau médiatique que émotivement. Souvent aussi les gens peuvent subir de la détresse psychologique ou déjà entrer avec des problèmes de santé et les soins de santé à l'intérieur sont vraiment pas adéquats. Ça nous est arrivé souvent de contacter des médecins à l'extérieur pour organiser des rencontres téléphoniques dans le fond entre les personnes détenues et des médecins à l'extérieur pour faire des avis médicaux et ce genre de trucs là. On a fait aussi des campagnes de sensibilisation d'éducation populaire sur la réalité des personnes détenues, des mobilisation contre la construction du nouveau centre de détention. On fait aussi beaucoup de lien avec des avocats parce que souvent ce que les gens en dedans veulent sortir et pour sortir ça prend un avocat la plupart du temps et ça c'est compliqué alors on essaie selon nos capacités de trouver des avocat·e·s qui peuvent sortir les détenu·e·s. Ce qu'on fait aussi parfois c'est qu'on essaie de ramasser de l'argent pour pouvoir payer des cautions ou mettre les montants d'argent en garantie pour que les gens puissent sortir. On essaie de créer des réseaux de solidarité où est-ce que lorsqu'il y a une personne qui sort, elle peut rester à quelque part, il y a une chambre de libre, on essaie de trouver des appartements pas trop chers. On est là en soutien aux personnes qui sont à l'intérieur. On fait de notre mieux pour les accompagner tout au long de leur processus et même après. Il y a beaucoup de gens qui se sont fait déporter avec qui on est encore en contact quotidiennement.

Question: Peux-tu nous décrire le fonctionnement des prisons pour migrants et migrantes au Canada ? Réponse: En ce moment il y a trois centres de détentions, un en Comlombie-Britanique, un à Toronto et un Laval, en fait deux maintenant à Laval et deux en Colombie-Britannique parce que depuis 2016 il y a eu beaucoup de financement gouvernemental pour la contruction de prison pour migrant·e·s. De façon générale, un peu n'importe qui peut se ramasser là qui a un statut un migratoire peu précaire et même des personnes avec la résidence permanente peuvent se ramasser en détention. Dans le fond la détention c'est vraiment comme une prison, t'es un peu coupé de tout droit, tes appels peuvent être limités, quand c'était la covid, les conditions de détentions en centre de détention pour migrant·e·s et en prisons étaient vraiment similaires : pas de visite, etc. appels limités. Lors des transports, les gens sont menotés au pieds et aux mains. C'est le même fonctionnement qu'une prison en général. Après ça les gens qui sont détenu·e·s ça va être soit parce que ils sont demandeurs d'asile et les autorités ont de la difficulté à prouver leur identité, soit qu'il y a un risque de fuite alors on se dit si on libère la personne sans statut régulier elle va essayer de s'enfuir ou de rester sans statut et vivre comme ça. Des fois ce sont des personnes qui marchent dans la rue et se font arrêter par les flics pour une surveillance régulière et : "Ah, statut irrégulier, rentre en dedans". Il y a tellement de gammes de personnes qui sont détenues et ce qui est fâchant pis vraiment dramatique c'est qu'il n'y a pas de limitation. Tu peux rester en dedans, c'est la chambre de services frontaliers qui décide avec les juges combien de temps tu restes en dedans. Tu n'as pas de date de sortie quand tu entres en dedans. Des fois ça arrive que les autorité ont de la difficulté à prouver ton identité et ton pays dans lequel tu es né·e veut pas fournir les documents nécessaires pour t'identifier. Ça ça fait que tu peux rester 3-4-5 ans mais c'est juste une question de régulation d'identité. Mêmes les autorités le disent dans leurs rapports : "Les gens ne sont pas des risques pour la société". Il n'y a pas de bonne raison pourquoi ils sont là c'est juste dans une perspective de régulation sociale et de contrôle des corps. On ne veut pas qu'ils soient sans statut et qu'ils se promènent librement à Montréal si jamais il y a un ordre de déportation. Il y a environ 9 000 détenu·e·s par année en centre de détention et là dessus il y en a beaucoup qui restent plus que un an. Un tiers des détenu·e·s par année qui se retrouve en prison provinciale soit parce qu'il n'y a pas de centre de détention qui sont à proximité de la région dans laquelle ils se sont faits arrêter ou juste parce que les centres de détention sont juste trop remplis. Ce qui est fâchant là dedans c'est que c'est l'Agence des services frontaliers qui décide où ils vont te placer. Si jamais tu es un personne avec des problèmes de santé mentale ou que tu es en choc post-traumatique ou ton arrestation t'as fait vivre des émotion parce que c'est crissement normal, ils peuvent considérer que tu es un danger parce que tu prouves une instabilité mentale et là ils vont t'envoyer dans une prison provinciale en disant qu'il y a plus de soins de santé disponibles là bas alors qu'on sait que c'est complètement faux. On sait que les conditions de détention en prison provinciale sont les pires. Ce qui est fâchant là dedans c'est que c'est l'Agence des services frontaliers qui ont tous les pouvoir. Souvent les flic et l'Agence de services frontaliers travaillent main dans la main pour s'assurer que les détenu·e·s restent en détention. Aussi il peut y avoir des enfants en détention, qui vivent dans les mêmes conditions que leurs parents, souvent leur mère en fait. Pendant la covid, il n'y avait plus de visite du tout pour les détenu·e·s c'était super dur d'avoir des contacts et parfois ce sont des gens qui ne connaissent personne à Montréal, y'a vraiment un isolement qui se passe et un peu comme en prison avec la COVID les gens étaient en isolement forcé et sans aucun soutientpsychologique. Je pense que la société québécoise est peut-être un peu plus sensible à l'isolement et ce que ça crée comme bouleversement, mais c'est ça il y a des personnes qui ont passé plusieurs mois dans des cellules d'isolement. Alors que les gardes n'étaient pas du tout testés et si y'avait du monde avec des symptômes de la COVID on leur disait ne t'inquiète pas, prends des tylenols. Il n'y avait pas de réelle prise en charge pour les détenu·e·s. C'est ça le fonctionnement : ils sont surveillé·e·s tout le temps, ils sont menoté·e·s. Souvent il n'y a aucun interprète. Si tu ne parle pas anglais ni français, c'est très difficile de comprendre leur situation. Ils disent qu'ils fournissent des interprètes mais c'est faux. Il a plusieurs moment où on accompagne du monde dans leur audience de détention et on se faire dire "non non vous ne pouvez pas venir, il y a des interprètes" pis après ça quand on demande aux personnes qui sont allées on se fait dire "non il n'y avait pas d'interprète, je n'ai rien compris de ce qu'il se passait", donc il y a beaucoup d'irrégularités. Dernièrement à la fin janvier il y a quelqu'un qui est décédé en détention. L'Agence des services frontaliers dit : "la personne a eu des problèmes de santé et on n'a pas su intervenir, on l'a envoyé à l'hopital et elle est décédée à l'hopital" mais il n'y a aucune enquête qui a été menée et surtout aucune enquête indépendante qui a été menée alors c'est l'Agence des services frontaliers qui crée son propre narratif de genre : "ah ouin là personne était malade et elle est décédée" mais on sait très bien que les conditions de détentions sont rudes et que les agents ne font pas bien leur job.

Question: Combien de temps en moyenne les personnes restent-elles détenues dans ces prisons? Réponse: Le temps moyen c'est dur à dire parce que y'a des gens qui vont passer un weekend ou une semaine et y'a d'autres personnes qui vont passer une année. Y'a un cas qui est un peu l'extrême et qui a passé 11 ans, mais c'est pas la majorité. Ça dépend, y'a même des enfants qui naissent en détention et qui y passent leur premières années de vie. C'est dur d'établir un temps moyen et j'aurais de la difficulté à le dire, mais mettons une coupe de mois ça doit être le temps moyen. Du moins moi les gens que j'ai soutenu je te dirais que c'est entre deux et six mois qui étaient là.

Question: Comment les gens parviennent à sortir de ces prisons?

Réponse: C'est toute une question parce que soit il faut que leur statut soit prouvé d'une manière ou d'une autre, c'est-à-dire qu'ils aient un passeport valide ou qu'ils ne représentent pas un risque, je le mets entre guillemets, pour la société. Il faut donc que la-le juge donne son autorisation pour que les gens sortent. Souvent, c'est plus dur de faire sortir une personne d'un centre de détention pour personnes migrantes que d'un centre de détention provincial, parce que on pourrait dire qu'il y a un risque pour la société que cette personne-là devienne sans papier et continue de "jouir des privilèges du sol canadien". Souvent le monde pour sortir sont soumis à des conditions qui ont vraiment pas rapport. Il y a toujours un lien de dépendance dans le fond. On va toujours les juger comme des personnes dépendantes qui ne seront jamais autonomes. Pour qu'ils sortent la majorité du temps, du moins dans mon expérience avec les gens que j'ai soutenus, il faut une personne qui se porte garante, c'est-à-dire une personne qui a sa citoyenneté canadienne et qui est capable de prouver un certain revenu et qui a une certaine forme de crédibilité. Après ça, souvent il faut que cette personne là qui se porte garante dise : "oui cette personne là peut venir chez moi j'ai une chambre, etc. et je peux subvenir aux besoins de cette personne là", c'est comme un peu un genre de parainage pour assurer à l'autorité que cette personne là n'ira pas underground et qui va se soumettre à toutes ses conditions de détention.

Question: Comment sont traitées les personnes qui sortent de ces prisons?

Réponse: Ils sont toujours mis sous tutelle dans le fond. C'est très rare que les personnes vont sortir pis qu'on va dire "ok bonne chance". Il faut un garant, il faut qu'une personne soit responsable de toi tout le temps. Il faut qu'on s'assure que quand tu vas recevoir ta lettre disant que tu as une audience et qu'il faut que tu te présente, pis comment on s'assure de ça, ben en ayant une personne avec sa citoyenneté canadienne qui s'engage à faire respecter ces droits-là. Même pour la personne qui est garante ça crée un rapport qui peut être vraiment bizarre. J'pense que entre nous, membres du comité on n'a pas ce rapport là avec les gens qu'on peut soutenir, mais des fois les gens y soutiennent quand ils connaissent une personne à Montréal, genre l'ami d'une tante X. Mais finalement c'est cette personne-là qui finit par avoir toute le poids de la surveillance pis cette personne-là finit par avoir peur que l'autre personne ne respecte pas ses conditions donc ça peut miner des relations. T'ser nous c'est déjà arrivé que des flics débarquent dans des maisons que nous on avait trouvé avec des personnes garantes qu'on avait trouvé, à la recherche du détenu en question par exemple. Sont un peu intense mettons. Y débarquent chez vous pis y fouillent. Tu deviens très responsable de la personne.

Question: Est-ce qu'il y a d'autres scénarios par lesquels les gens peuvent se sortir de ces prisons?

Réponse: Souvent aussi les gens pour sortir de détention y sont juste déportés aussi. Ça nous est arrivé que des gens qu'on soutenait avec qui on parlait quotidiennement au téléphone avec qui on avait vraiment des liens quotidiens se fassent déporter et qu'on le sache juste deux trois jours après quand la personne est de retour dans le pays dans lequelle la personne est née ou où est-ce que le Canada l'a renvoyé. Pis qu'elle nous appelle pis qu'elle dise: "merde je me suis fait déporté". Y'a un peu un couvert de silence. Une autre manière d'être libéré·e parait-il que c'est la covid. En novembre 2020 y'ont comme partout au Canada dans les centres de détentions canadiens pour personnes migrantes y'ont fait sortir la majorité des gens. C'est un peu drôle parce que d'une part ce sont des grands risques pour la société, mais d'autre part quand il y a la covid on peut les mettre à l'extérieur et leur donner une vie normale parce que ce sont pas un si grand risque finalement.

Question: Que penses-tu de la politique d'immigration actuelle du Canada, de l'accueil qu'elle réserve aux personnes migrantes sans statut ? Réponse: Ben je pense que le système d'immigrantion est fucked up qui est un système de suprématie blanche qui reproduit les inégalités qui fait des classes de citoyens et des classes de personnes migrantes. Quand tu es sans statut tu n'as accès à absoluement rien. C'est ça qui est compliqué. Souvent on va te demander ton statut, une preuve de ton identité tant quand tu as des enfants qui vont à l'école par exemple ou quand tu vas au médecin. Tu as tout plein de services de base, de soins de base que tu ne peux pas avoir accès légalement. À chaque fois que tu sors c'est comme un risque de se faire prendre. Ça te précarise super beaucoup et ça t'oblige souvent à prendre des emplois qui sont super précaires dans lesquels il va y avoir des descentes aussi parce que finalement le monde finissent souvent par travailler dans les mêmes espaces. Quand il y a des descentes tu es super précaire, soit tu t'enfuies, soit tu te fais mettre en prison. C'est aussi souvent des gens qui vont travailler dans des soins essentiels aussi. Par exemple, quand c'était la covid, ça a vraiment touché les personnes sans statut de manière intense, juste au sens où avec le couvre-feu, tu te promènes dans la rue, à chaque fois que tu sors de chez toi et que tu n'as pas un statut qui est régulier c'est toujours une prise de risque. Si en plus il y a de la surveillance policière et que tu n'as légalement pas le droit de marcher dans la rue mais tu travailles comme femme de ménage dans un bureau. Ça complique la situation.

Question: Quel est l'impact de ces conditions sur les personnes sans statut ?

Réponse: Je pense que clairement une personne sans statut serait mieux placée que moi pour parler de comment ça l'impacte, mais pour avoir été en contact avec des personnes sans statut c'est vraiment lourd sur la santé mentale des gens aussi, tu es toujours sur tes gardes, tu ne peux jamais t'établir non plus. Il y a des gens que toute leur démarche migratoire peut prendre 5-6 ans, finalement ils ont un enfant ici et puis finalement leur demande de résidence permanente est refusée. "Ok mais merde, même ça c'était pas sûr, fake là faut que je me reconstruise une vie mais je vais tu vraiment m'en retourner dans le pays que je viens de quitter alors que j'ai 1001 raisons de quitter le pays et souvent tu n'as pas le gout d'y retourner". Ce que j'entends beaucoup des gens qui sont sans statut c'est que c'est très dur de s'imaginer et de s'ancrer à quelque part. Les personnes sans statut sont juste oubliées complètement dans notre système d'immigration et ça les précarise énormément.

Question: Le gouvernement propose des alternatives à la détention, par exemple le bracelet de cheville électronique. Quelle est ta position face à ces alternatives ? Réponse: Ma position personnelle, c'est sur que je suis pas pour les mesures alternatives, mais je ne suis pas non plus pour la détention. Je pense que c'est un système qu'il faut qu'on change, mais avec une perspective abolitionniste qu'il faut mettre plus en place. Les alternatives à la détention, en 2016 lorsqu'ils ont décidé d'investir plein d'argent pour la construction de nouvelles prisons ils ont aussi investi 5 000 000 dans le financement dans les alternatives à la détention, c'est-à-dire de la surveillance électronique par un GPS sur ton cellulaire qui est activé en tout temps, un bracelet électronique. Souvent quand ils disent "Ok tu as une alternative à la détention", mais il faut aussi que tu prouves que tu t'intègres dans la société alors des fois il faut que tu fasses du bénévolat mettons. Mais là l'organisme pour lequel tu fais du bénévolat devient un peu l'organisme qui te surveille, un peu comme John Howard Society c'est un organisme qui milite pour des mesures alternatives, mais deviennent eux-mêmes responsables si y'a des gens qui ne se présentent pas à leurs audience par exemple. Moi je trouve que ce sont juste des outils de contrôle qui vont reproduire la prison mais à l'extérieur et c'est jamais reconnaître l'autonomie des gens et toujours les voir comme inférieurs à nous, toujours les voir comme une seconde classe de citoyens. Surtout, mais je ne veux pas faire une hiérarchisation des crimes, mais c'est un bout de papier qui prouve ton identité. Je pense pas que les prisons c'est bien, mais pour une personne migrante qui s'en allait travailler n'avait pas ses cartes sur toi ou qui était sans papier pis là "boum" tu te retrouves en prison et ton incarcération va te suivre tout au long de ton parcour migratoire que tu sois à l'intérieur des murs où à l'extérieur. Ça vient avec des mesures répressives de contrôle qui te rappelle sans cesse que tu n'es pas le bienvenue ici et à tout moment c'est l'État canadien qui a le contrôle sur ton corps.

Question: Le gouvernement du Canada construit une nouvelle prison pour personnes migrantes à Laval. Pourquoi faut-il s'y opposer ? Réponse: Parce que ce sont pas les nouvelles prisons qui vont changer les choses. La nouvelle prison pour migrant·e·s à Laval je ne sais pas si elle est en activation par exemple. On est en train de chercher de l'information là dessus à sujet à savoir s'il y a des personnes détenues en ce moment, mais on ne pense pas. Depuis 2016 on fait aussi la recherche sur ce projet-là, quelles personnes y sont impliquées, quel est le discours en arrière de la construction de la nouvelle prison pis y'a comme un côté vraiment hypocrite de vouloir humaniser la prison en disant "Ah on va s'assurer que les barbelés sont pas visibles pour les gens qui sont dans la rue, parce qu'il ne faudrait pas qu'on sache que y'a des personnes qui sont en prison parce que leur bout de papier est pas convenable pour les autorités". Ou encore, on va s'assurer que les enfants aient des jeux. C'est super jouer à des jeux dans une prison. Il y a comme une espèce d'hypocrisie dans la firme architecturale a tout un discours de surveillance qui est vraiment dégueulasse quand tu lis tous leurs plans de développement et comment ils consoivent la prison et comment ils tentent de l'emballer dans un petit décor joyeux, mais en rien ça va changer les conditions de détention. Je veux bien croire que les douches seront plus propres, mais le système migratoire va rester le même et la répression et la mise sous tutelle des personnes migrantes vont rester les mêmes. Faut pas penser qu'en construisant de nouvelles prisons les conditions de détention vont changer mais il faut plus chercher à abolir les prisons et à lutter contre la construction de nouveaux centres de détention et faire connaître que ça existe. Quand on faisait des ateliers pour dénoncer cette construction-là, c'était vraiment épatant dans nos milieux un peu plus de gauche les personnes étaient comme : "Ah ouin. Y'a un centre de détention pour les personnes migrantes, je savais pas!". Je pense qu'il y a encore une mauvaise connaissance de ces enjeux là et c'est important de lier nos luttes anticarcérales sur toutes les formes de détention par ce que les prisons pour migrant.e.s c'est une prison et rien d'autre. Je pense qu'il faut qu'on s'oppose à la construction de toute nouvelle prison et je pense pas que l'incarcération d'individus c'est la solution pour changer quoi que ce soit dans notre société.

Question: Quels sont les intérêts des gouvernements face à ces détentions? Comment justifient-ils que des prisons pour personnes migrantes soient nécessaires au Canada? Réponse: Ben c'est ca, je pense qu'on a vraiment un discours de suprémacistes blanc aussi et que y'a toujours la crainte, la menace d'un immigrant ou d'une immigrante, y'a vraiment un discours paternaliste utilitariste aussi là, ben si tu viens ici faut que tu sois quiet et que tu travailles pis si t'es un immigrant économique ben tant mieux mais si t'es pas ca ben tant pis, pis ca vient avec des conditions de vies qui sont euh... qui peuvent être vraiment répressives dans le fond fake tsé, j'pense que le gouvernement ben clairement est dans un truc de régulation sociale aussi, mais là, mais le message social qu'y'envoie à la population c'est dire on fait quelque chose, on encadre les personnes migrantes, y vivront pas ici euh... s'ils ne le méritent pas tsé, pis y'a vraiment, on dirait que j'ai comme de la misère à répondre à cette question là parce je suis vraiment pas d'accord avec leur discours là pis euh...

J'trouve que c'est le même discours qui est partout, tsé qui va être pour la construction d'une prison aussi pis... de donner autant de pouvoir aux policiers par exemple ou à l'agence des services frontaliers qui va décider de qui va en prison, de qui y y va pas, où est-ce que cette personne là est incarcérée, quand est-ce qu'elle peut sortir, euh... c'est vraiment une subordination, pis j'pense que c'est juste une vision de suprématie blanche qui se donne le devoir pis le pouvoir en fait de contrôler toute les corps qui rentrent sur le territoire pis de décider qui mérite l'hospitalité canadienne ou pas pis euh ca, c'est d'la marde.

Question: Pense-tu qu'il existe des "bonnes" prisons pour personnes migrantes ou serait-il préférable de les abolir tout simplement ?

Réponse: Ben si c'était si simple, j'pense qu'on aimerait toute ça les abolir, j'pense que c'est ca, personnellement pis dans le comité anti-détention on a une perspective abolitonniste là, fake on pense beaucoup à la prévention pis à la mise sur place de ressources externes à la répression pour gérer les situations conflictuelles par exemple. Finalement, tu vois que tout pars souvent de comme "t'as tu un logement" tsé, t'as tu assez d'argent pour te loger pis te nourrir y'a comme tellement de choses qui sont imbriquées. Est-ce que t'es une personne racisée, est-ce que tu subis de la discrimination, est-ce que, y'a comme plein de systèmes d'oppressions qui font en sorte que finalement c'est souvent les mêmes personnes qui se retrouvent en détention... Je pense pas que de les mettre en prison ca va régler quoi que ce soit comme problème, ca va juste éviter de gérer la situation, pis on essaye de toujours apporter un regard plus sur les personnes migrantes pis l'expérience des personnes migrantes, mais souvent c'est des problèmes qui sont structurels, liés à différents systèmes d'oppression qui font en sorte que les gens se ramassent en prison pis on pense vraiment pas que mettre des gens en prison ca va régler quoi que ce soit, ca fait juste nous distancier face a différents problèmes sociaux pis ce qui est poche là-dedans c'est que ca affecte souvent les mêmes personnes pis que ca crée des traumas qui sont difficilement réparable après, tsé, pis c'est ca que je pense qu'il faut réfléchir aussi. J'pense c'est important de pas faire de hiérarchisation aussi entre les prisons, c'est pas juste un centre de détention c'est une prison. C'est les mêmes conditions de détentions, c'est une prison pour personnes migrantes. Fake ouais c'est ca, fuck les prisons, pis j'pense que c'est important de continuer à lutter pis qu'on se solidarise aussi avec d'autres groupes abolitionnistes au Canada pis au États-Unis j'pense, parce y'a beaucoup de lutte qui se ressemble pis parfois on lutte un peu confiné sur un territoire X, alors que y'a beaucoup d'autres groupes qui militent aussi avec des perspectives abolitionnistes par exemple, pis en tant que personnes de gauche, anarchistes, c'est vraiment une lutte principale de lutter contre les prisons.

BOUTES EFFACÉS: mais en tout cas moi pis le comité antidétention on croit à des formes de justices alternatives pis euh... c'est ce qu'on essaye de... de mettre en place aussi pis de valoriser, on fait beaucoup de liens avec d'autres mouvements abolitionnistes au Canada qui réfléchissent à ces questions là, pis mais j'pense que [fuck d'en-régis-treuse] (27:45) [silence]

Si c'est aussi simple comme je disais je pense qu'on les abolirait, mais euh... moi pis solidarité sans frontière en tout cas on a un discours abolitionniste pis on croit plus dans la justice alternative que à la détention, pis euh, c'est ca tsé.
Conclusion

Les prisons pour migrant·e·s constituent l'extension des mécanismes d'immigration du gouvernement canadien, qui vise à ne permettre l'entrée que de personnes qui peuvent bénéficier à la croissance économique. Les nombreux programmes de travailleur·euse·s migrant temporaire illustre bien cette réalité: on ne veut que des personne dans la fleur de l'âge, pour cinq ans seulement, formées sans que l'on ait à investir dans nos écoles et qui ne bénéficieront jamais de nos fonds de pension ou de tout autre programme social. Ces migrations temporaires, contrôlées et hypersélectives reposent sur un pouvoir répressif: il faut pour qu'elles fonctionnent que de plus en plus d'argent soient investis dans les structures punitives. Ce contrôle permet à certains de s'enrichir. En effet, c'est parce que les riches veulent faire plus de fric sur la cueillette de leurs concombres que ces structures sont nécessaires. C'est aussi fréquemment à cause des compagnies minières canadiennes que des populations sont déplacées pour finalement immigrer. La misère des migrantes et migrants, c'est ce qui paye l'hypothèque des maisons de Westmount.

Ainsi, autant que les autres prisons, les centres de détention pour personnes migrantes ne servent qu'à perpétuer des injustices. Celles-ci prouvent l'hypocrisie du gouvernement canadien qui affirme que les migrants et migrantes sont les bienvenues ici, alors que la réalité en fait est violente et traumatisante pour les personnes qui se retrouvent dans ces prisons, entre autres parce qu'elles ne savent même pas quand elles en sortiront. Le gouvernement et les médias justifient le traitement réservé aux réfugié·e·s en prétendant qu'elles viennent ici pour abuser de nos richesses ou qu'iels sont des criminel·le·s qui risquent de s'enfuir à tout moment. Nous devons absolument nous défaire de ses préjugés et exiger l'abolition de ces centres de détention, comme de toute les autres prisons.
English Translation
Intro

In our surveillance societies, where our every move is spied on, controlled, calculated and recorded in huge databases, reflecting on the colonial, capitalist and oppressive role of the police and prisons is more than ever necessary.

When new videos of police interventions create scandal because of their racist violence, the leaders, the police and the politicians talk about bad apples. But if we look at the basic trend, these blunders have been repeated for decades. Police misconduct is systematic; police violence is systemic.

In this second season of The Whole Orchard, we offer you a more specific way to think about these issues. Still in the form of interviews with passionate activists, we're addressing, among other things, the impacts of these institutions on sex workers, policing in Indigenous communities, anti-carceral feminism, the militarization of police forces, transformative justice and migrant prisons.

It is time to put an end to the hypocritical and misleading liberal view that all police vices are the fruit of a few rotten apples. From the roots to the sprouts, police departments at all levels embody decaying apple-trees in a filthy orchard of trash.

Let's take on the whole Orchard!
Episode intro

We don't hear much about it, but there are several detention centers for migrants in Canada, including one in Laval, where adults and children are locked up just for trying to come to Canada. It was with the arrival of the MV Sun Sea in British Columbia in August 2010 that the media began to take an interest in the detention of migrants and their conditions of detention. At the time of this event, 492 people from Sri Lanka had taken refuge on board the ship to flee the violence and civil war in their country by seeking asylum in Canada. In total, 443 adults and 49 children found detention as a policy of welcome in Canada. Outside the period of COVID, there are nearly 8000 people living in these prisons, including nearly 2000 in Quebec, among others in the Laval prison.

For this episode of The Complete Orchard, we will speak with a member of the Solidarity Across Borders Anti-Detention Committee, which opposes the detention of migrants and supports the incarcerated and their struggles.

Q: How did you get involved with the Solidarity Across Borders Anti-Detention Committee? A: I've been involved with Solidarity Across Borders for about 5-6 years, I've had experiences of incarceration in detention centers and in prison as well. I have always been sensitive to incarceration, which is what really made me want to get involved with people in prison. My family too, all my family members have experienced incarceration. I have been involved in the Montreal abolitionist community for the past 10 years. SSF, in my opinion, is a bit of a continuity, among other things because the detention of migrants is something that is not talked about a lot. At a certain point we started to do tours to talk about the construction of the new detention center and I was surprised to see that people didn't know what it was all about. That made me want to get involved even more, in the SSF anti-detention committee, for example.

Q: What is the work of the anti-detention committee? A: We do many things and it always depends on who is involved in the committee and what the prison conditions are at the time, but in general we do both emotional and material support with the detainees. That is to say that we call the people who are detained, we can make links with their families. We make sure that we have people who speak several languages to be able to communicate with the people in detention. We bring them calling cards, basic material such as toothpaste, etc. Often we do media relations, because as I said there are few organizations that are interested in the detention of migrants. By being in contact with people we become a little bit... Often, in fact, what people ask us to do inside is to denounce what is going on as far as we can, and with the word of those who are detained, we try to publicize what is going on inside the walls. Among other things, when there were hunger strikes, there was one in 2020 and one in 2021, the SSF anti-detention committee was recreated at those times when there were people inside who had the desire to fight and denounce their situation, so we supported them both in the media and emotionally. Often people can also suffer psychological distress or already have health problems and the health care inside is not really adequate. We have often contacted doctors on the outside to organize telephone meetings between the detainees and doctors on the outside for medical advice and that kind of thing. We have also done popular education awareness campaigns on the reality of detainees, mobilization against the construction of the new detention center. We also make a lot of links with lawyers because often what people inside want is to get out and to get out it takes a lawyer most of the time and that's complicated so we try according to our capacities to find lawyers who can get the detainees out. What we also do sometimes is that we try to collect money to be able to pay bails or to put the amounts of money in guarantee so that people can get out. We try to create solidarity networks so that when someone leaves, they can stay somewhere, there is a room available, we try to find apartments that are not too expensive. We are there to support the people who are inside. We do our best to accompany them throughout their process and even after. There are many people who have been deported with whom we are still in daily contact.

Q: Can you describe how migrant prisons work in Canada? A: At the moment there are three detention centers, one in British Columbia, one in Toronto and one in Laval, actually two now in Laval and two in British Columbia because since 2016 there has been a lot of government funding for the construction of migrant prisons. Generally speaking, anyone who has a precarious migratory status can end up there, and even people with permanent residency can end up in detention. Basically, detention is really like a prison, you are cut off from all rights, your calls can be limited, when it was covid, the conditions of detention in detention centers for migrants and in prisons were really similar: no visits, etc. Limited calls. During transport, people are handcuffed at the feet and hands. It's the same as a prison in general. After that, the people who are detained are either because they are asylum seekers and the authorities have difficulty proving their identity, or because there is a risk of flight, so we say to ourselves that if we release the person without regular status, he or she will try to flee or remain without status and live like that. Sometimes it's people who walk down the street and get stopped by the cops for regular surveillance and : "Ah, irregular status, get in there". There are so many different kinds of people who are detained and what's really upsetting and dramatic is that there's no limit. You can stay in, it's the border services chamber that decides with the judges how long you stay in. You don't have an exit date when you enter. Sometimes the authorities have difficulty proving your identity and the country where you were born does not want to provide the necessary documents to identify you. That means you can stay 3-4-5 years but it's just a question of identity regulation. Even the authorities say it in their reports: "People are not a risk to society". There is no good reason why they are there, it's just a matter of social regulation and control of bodies. We don't want them to be without status and walk around Montreal freely if there is ever a deportation order. There are about 9,000 detainees per year in detention centers and many of them stay for more than a year. One third of the detainees per year end up in provincial prison either because there are no detention centers near the area where they were arrested or because the detention centers are just too full. What's annoying about this is that the Border Services Agency decides where they will place you. If you're a person with mental health issues or you're in post-traumatic shock or you've been arrested and you've been through a lot of emotions because it's so normal, they may consider you to be a danger because you're mentally unstable and they're going to send you to a provincial jail saying that there's more health care available there when we know that's not true at all.We know that the conditions of detention in provincial prisons are the worst. What's annoying about this is that the Border Services Agency has all the power. Often the cops and the Border Services Agency work hand in hand to make sure that the detainees stay in detention. Also, there may be children in detention, living in the same conditions as their parents, often their mothers in fact. During covid, there were no more visits at all for the detainees, it was very hard to have contacts and sometimes these are people who don't know anyone in Montreal, there is really an isolation that happens and a bit like in prison with covid people were in forced isolation and without any psychological support. I think that Quebec society is perhaps a little more sensitive to isolation and what it creates in terms of upheaval, but that's what happened to people who spent several months in isolation cells. While the guards were not tested at all and if there were people with symptoms of covid they were told not to worry, take tylenols. There was no real care for the inmates. That's the way it works: they are watched all the time, they are handcuffed. Often there is no interpreter. If you don't speak English or French, it's very difficult to understand their situation. They say that they provide interpreters but this is not true. There are many times when we go with people to their detention hearings and we are told "no, no, you can't come, there are interpreters" and then when we ask the people who went we are told "no, there was no interpreter, I didn't understand anything that was going on", so there are many irregularities. Recently, at the end of January, someone died in detention. The Border Services Agency says: "the person had health problems and we were not able to intervene, we sent him to the hospital and he died in hospital" but there was no investigation that was carried out and especially no independent investigation that was carried out so it is the Border Services Agency that creates its own narrative like: It's the Border Services Agency that creates its own narrative like: "oh yeah, that person was sick and died" but we know very well that the detention conditions are harsh and that the agents are not doing their job well.

Q: How long on average do people stay in these prisons and how do they get out? A: The average time is hard to say because some people will spend a weekend or a week and others will spend a year. There is a case that is a bit extreme and that spent 11 years, but it's not the majority. It depends, there are even children who are born in detention and spend their first years of life there. It's hard to establish an average time and I would have difficulty saying it, but let's say a few months is the average time. At least the people I supported I would say it was between two and six months that were there.

A: It's quite a question because either their status has to be proven in one way or another, that they have a valid passport or that they don't represent a risk, I put it in quotes, to society. So the judge has to give permission for people to go out. Often, it is harder to get a person out of a detention center for migrants than a provincial detention center, because one could say that there is a risk for society that this person becomes undocumented and continues to "enjoy the privileges of Canadian soil". Often the world to get out is subject to conditions that are really unrelated. There is often a dependency relationship at the bottom. They will always be judged as dependent people who will never be self-sufficient. In order for them to get out the majority of the time, at least in my experience with the people I've supported, you need a guarantor, that is, a person who is a Canadian citizen and who is able to prove a certain income and who has a certain form of credibility. After that, this person must say: "Yes, this person can come to my house, I have a room, etc., and I can provide for this person", it's like a kind of sponsorship to assure the authorities that this person will not go underground and will submit to all the conditions of detention.

A: They're always put under guardianship basically. It's very rare that people are going to come out and say "okay good luck". You need a guarantor, you need someone to be responsible for you all the time. We have to make sure that when you receive your letter saying that you have a hearing and that you have to go to court, and how do we make sure of that, well, by having a person with Canadian citizenship who is committed to ensuring that these rights are respected. Even for the person who is the guarantor, it creates a relationship that can be really weird. I think that among us, members of the committee, we don't have this relationship with the people we can support, but sometimes people support them when they know a person in Montreal, like the friend of an aunt X. But finally it's that person who is the guarantor. But in the end, it's that person who ends up having all the weight of the surveillance and that person ends up being afraid that the other person won't respect his or her conditions, so that can undermine relationships. You know, we've had cops come into houses that we've found with guarantors that we've found, looking for the inmate in question, for example. They are a bit intense. They come to your house and search it. You become very responsible for the person.

A: Often, people who are released from detention are also deported. It has happened to us that people we supported, with whom we spoke on the phone every day and with whom we had a real daily relationship, were deported and that we only found out about it two or three days later when the person was back in the country in which they were born or to which Canada had sent them back. And that they call us and say: "shit, I've been deported". There's a bit of a cover of silence. Another way to be liberated is through covid. In November 2020, like everywhere else in Canada, the majority of people were released from Canadian detention centers for migrants. It's a bit funny because on the one hand they are great risks for the society, but on the other hand when there is the covid we can put them outside and give them a normal life because they are not such a great risk after all.

Q: What do you think of Canada's current immigration policy, the way it welcomes non-status migrants? A: Well I think the immigration system is fucked up which is a white supremacist system that reproduces the inequalities that make classes of citizens and classes of migrants. When you are without status you have access to absolutely nothing. That's what's complicated. Often you will be asked for your status, for proof of your identity when you have children going to school for example or when you go to the doctor. You have a lot of basic services, basic care that you can't access legally. Every time you go out it's like a risk of getting caught. It makes you very precarious and it often forces you to take on jobs that are very precarious, in which there will be downturns as well, because in the end people often end up working in the same spaces. When there are raids, you are very precarious, either you run away or you get put in jail. It's also often people who go to work in essential care too. For example, when it was covid, it really affected non-status people in an intense way, just in the sense that with the curfew, you're walking down the street, every time you go out of your house and you don't have a status that's regular it's always a risk taking. If on top of that there's police surveillance and you're not legally allowed to walk down the street but you're working as a cleaner in an office. That complicates the situation.

A: I think clearly a non-status person would be in a better position than I am to talk about how it impacts them, but having been in contact with non-status people it's really heavy on people's mental health as well, you're always on guard, you can never settle down either. There are people that their whole migration process can take 5-6 years, finally they have a child here and then finally their application for permanent residence is denied. They say, "Ok but shit, even that wasn't safe, I have to rebuild my life but I'm really going to go back to the country I just left when I have 1001 reasons to leave the country and often you don't want to go back". What I hear a lot from people who are non-status is that it's very hard to imagine and stick to somewhere. Non-status people are just completely forgotten in our immigration system and that makes them very insecure.

Q: The government is proposing alternatives to detention, such as the electronic ankle bracelet. What is your position on these alternatives? A: My personal position is that I am not for alternative measures, but I am not for detention either. I think that it is a system that needs to be changed, but with an abolitionist perspective that needs to be implemented more. Alternatives to detention, in 2016 when they decided to invest a lot of money for the construction of new prisons they also invested 5,000,000 in funding in alternatives to detention, that is to say electronic monitoring by a gps on your cell phone that is activated at all times, an electronic bracelet. Often when they say "Ok you have an alternative to detention", but you also have to prove that you integrate into society, so sometimes you have to do volunteer work. But then the organization for which you volunteer becomes the organization that monitors you, like the John Howard Society is an organization that advocates for alternative measures, but they become responsible if people don't show up for their hearings for example. I find that these are just tools of control that will reproduce the prison but outside and it's never recognizing the autonomy of people and always seeing them as inferior to us, always seeing them as a second class of citizens. Above all, but I don't want to make a hierarchy of crimes, but it is a piece of paper that proves your identity. I don't think that prisons are good, but for a migrant who goes to work without having his or her cards on you or who is undocumented and then "boom" you find yourself in prison and your incarceration will follow you throughout your migratory journey whether you are inside the walls or outside. It comes with repressive control measures that constantly remind you that you are not welcome here and at all times it is the Canadian state that has control over your body.

Q: The government of Canada is building a new prison for migrants in Laval. Why should we oppose it? A: Because it's not the new prisons that will change things. The new prison for migrants in Laval, I don't know if it's being activated, for example. We are looking for information on whether there are people detained at the moment, but we don't think so. Since 2016, we've been researching this project, which people are involved, what the discourse is behind the construction of the new prison and there's a real hypocrisy in wanting to humanize the prison by saying "Oh, we're going to make sure that the barbed wire isn't visible to people on the street, because we don't want people to know that there are people in prison because their piece of paper is not suitable for the authorities. Or we'll make sure the kids have games. It's great to play games in a prison. There's a kind of hypocrisy in the architectural firm has a whole surveillance discourse that is really disgusting when you read all their development plans and how they consume the prison and how they try to wrap it up in a little bit of cheerful decor, but none of it is going to change the conditions of detention. I want to believe that the showers will be cleaner, but the migration system will remain the same and the repression and the guardianship of migrants will remain the same. We shouldn't think that building new prisons will change the conditions of detention, but we should try to abolish prisons and fight against the construction of new detention centers and make people know that they exist. When we did workshops to denounce this construction, it was really amazing in our more left-wing circles, people were like: "Oh yeah. There's a detention center for migrants, I didn't know! I think that there is still a lack of knowledge about these issues and it is important to link our anti-cartel struggles on all forms of detention because prisons for migrants are a prison and nothing else. I think we have to oppose the construction of any new prison and I don't think that incarcerating individuals is the solution to change anything in our society.

Q: What are the governments' interests in these detentions? How do they justify the need for migrant prisons in Canada? A: Well, I think that we really have a white supremacist discourse as well and that there is always the fear, the threat of an immigrant, there is really a utilitarian paternalistic discourse as well, well if you come here you have to be quiet and you have to work and if you are an economic immigrant so much the better, but if you are not so much the worse, and that comes with living conditions that are uh... that can be really repressive in the background fake, I think that the government is clearly in a social regulation thing as well, but the social message that it sends to the population is to say that we are doing something, we are supervising the migrants, they won't live here if they don't deserve it. ... if they don't deserve it, so there's really, it seems like I have a hard time answering that question because I really don't agree with what they're saying and uh... yeah, that's why I have a hard time answering that question, I think. I find that it's the same discourse that's everywhere, you know, who's going to be for the construction of a prison too and... to give so much power to the police for example or to the border services agency that's going to decide who goes to prison, who doesn't, where that person is incarcerated, when they can get out, um. ... it's really a subordination, and I think it's just a vision of white supremacy that gives itself the duty and the power to control all the bodies that enter the territory and to decide who deserves Canadian hospitality or not and uh that's crap.

Q: Do you think there are "good" prisons for migrants or would it be better to abolish them altogether? A: Well, if it were that simple, I think we'd all like to abolish them, I think that's it, personally and in the anti-detention committee we have an abolitionist perspective, we think a lot about prevention and the implementation of resources outside of repression to manage conflict situations for example, and finally, you see that everything often starts with "do you have a place to live", you know, do you have enough money to live and feed yourself, there are so many things that are intertwined and that's it. Are you a racialized person, are you discriminated against, are you, I don't know, there's a lot of systems of oppression that make it so that in the end it's often the same people who end up in detention and I don't think that putting them in prison will solve anything, it will just avoid managing the situation, and at least me and the anti-detention committee believe in alternative forms of justice and that's what we're trying to... to put in place as well and to value, we make a lot of links with other abolitionist movements in Canada that think about these issues, and we always try to bring a more migrant perspective and the experience of migrants.

If it's as simple as I said, I think we would abolish them, but me and Solidarity Across Borders anyway, we have an abolitionist discourse and we believe more in alternative justice than in detention, and uh, that's it. Often it's problems that are structural, linked to different systems of oppression that cause people to end up in prison and we don't really think that putting people in prison is going to solve anything, it just, we don't really think that putting people in jail is going to solve anything, it just distracts us from different social problems and uh... what's the problem is that it often affects the same people and it creates traumas that are difficult to repair afterwards, so that's what I think we need to think about too. And that's what I'm going to come back to, our perspective is abolitionist, against all forms of prison, and I think it's important not to make a hierarchy between prisons, it's not just a detention center, it's a prison, it's the same conditions of detention, it's a prison for migrants, we don't want to abolish prisons. Fake yeah that's it, fuck prisons, and I think it's important to continue to fight and also to stand in solidarity with other abolitionist groups in Canada and in the United States I think, because there's a lot of struggles that are similar and sometimes we struggle a little bit confined to an X territory but when there's a lot of other groups that are also militating with abolitionist perspectives for example, and as a leftist, anarchist, etc., it's really a main struggle to fight against prisons.
Conclusion

Migrant prisons are an extension of the Canadian government's immigration mechanisms, which aim to allow the entry of only those who can benefit economic growth. The many temporary migrant worker programs illustrate this reality: we only want people in their prime, for only five years, trained without investing in our schools and who will never benefit from our pension funds or any other social program. These temporary, controlled and hyperselective migrations are based on control: in order for them to work, more and more money must be invested in repressive structures. This control allows some people to get rich. Indeed, it is because the rich want to make more money on their cucumbers that these structures are necessary. It is also frequently because of Canadian mining companies that populations are displaced and eventually immigrate. The misery of migrants is what pays the mortgage on the Westmount houses.

Thus, like other prisons, detention centers for migrants only serve to perpetuate injustices. They demonstrate the hypocrisy of the Canadian government in saying that migrants are welcome here, when in fact the reality is violent and traumatic for the people who end up in these prisons, not least because they don't even know when they will get out. The government and the media justify the treatment of refugees by claiming that they come here to abuse our wealth or that they are criminals who could run away at any moment. We must break away from these prejudices and demand the abolition of these and all other detention centers.

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