Un policier coupable d’avoir volé un iPhone d’un manifestant

Un policier a plaidé coupable ce lundi d’avoir volé à ce qu’il appelle un « pauvre idiot de manifestant » un iPhone lors du printemps étudiant.

« On a bûché, j’ai jamais fessé aussi fort sur du monde, et c’est là que j’ai vu le iPhone 4S », avait dit Amir El Alfy à un ami au printemps 2012.

La voix enjouée et pleine d’enthousiasme, le policier depuis suspendu sans salaire a raconté à cet ami non identifié comment il avait trouvé ce téléphone d’un « pauvre idiot de manifestant qui essayait de filmer (les policiers) », et qu’il comptait le revendre.

« Ça me paye la moitié d’un voyage dans le Sud ce téléphone-là », a-t-il dit lors d’une autre conversation téléphonique.

À sa copine, il avait précisé que c’était un cellulaire « flambant neuf », qui appartenait à un manifestant.

« On était en train de démolir ces enfoirés », avait-il dit à une autre personne.

Sous écoute

Le hic, c’est qu’El Elfy était sous écoute quand il avait parlé à ces personnes. Il était en effet présent au Mexique lorsqu’un policier avait été tabassé pour avoir voulu dénoncer un collègue qui était avec un membre du crime organisé.

El Alfy n’a jamais été accusé pour cette affaire, sauf que les autorités avaient découvert l’affaire du vol du iPhone, et qu’il avait en plus importé illégalement du Cialis.

L’accusé, qui cumule 10 ans d’ancienneté au Service de police de la Ville de Montréal, a plaidé coupable aux deux infractions, ce lundi au palais de justice de Montréal.

Il est présentement suspendu sans solde de la police, et il travaille chez un concessionnaire automobile.

Amende ou absolution?

Au cours de l’audience, la poursuite n’a pas manqué de souligner la gravité du crime.

« On parle d’un policier en devoir, ce n’est pas rien », a plaidé Me Sylvain Petitclerc de la Couronne.

Il s’oppose ainsi à la défense, qui a suggéré une absolution inconditionnelle pour El Elfy.

« Il n’a pas d’antécédents judiciaires ni disciplinaires, a plaidé Me Dylan Jones. Il s’est repris en main, il a un nouvel emploi. »

La Couronne suggère pour sa part une amende, à la discrétion du juge. El Afly aurait ainsi un casier criminel.

« Sinon, les gens vont se dire que (les policiers qui commettent un acte criminel) peuvent faire n’importe quoi », a souligné Me Petitclerc.

Et si une simple amende peu paraître clémente, le juge Denis Mondor a rappelé qu’elle s’inscrirait dans un contexte ou l’accusé risque fort de ne plus jamais être policier.

« Le public va comprendre qu’il risque de perdre son emploi », a renchéri Me Petitclerc.

Le juge Denis Mondor rendra sa sentence en juillet.

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