Tu fais du bruit, le SPVM te saute dessus!

En pleine foire commerciale sur le boulevard Saint-Laurent, à Montréal, un commerçant a été arrêté jeudi soir parce que sa musique était trop forte.

Vers 19 h, les policiers se sont déplacés dans un commerce de charcuterie après avoir reçu une plainte pour bruit excessif. Le commerçant, comme des dizaines d'autres, avait installé un kiosque devant son établissement et il servait des grillades à ses clients en cette soirée festive.

Sa discussion avec les policiers a toutefois dégénéré et l'homme s'est retrouvé projeté au sol par cinq agents sous les protestations des passants.

Au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), on étudiera la bande vidéo, mais à première vue, le porte-parole, Ian Lafrenière a indiqué que «ce n'est pas parce qu'ils sont cinq dessus qu'il s'agit d'une mauvaise intervention, il s'agit d'une technique de maîtrise que l'on apprend. C'est un appel qui aurait pu durer deux minutes si le commerçant avait obtempéré et baissé sa musique rapidement, mais il a résisté en insultant les policiers ainsi qu'une passante».

De son côté, la Société de développement du boulevard Saint-Laurent se questionne sérieusement sur la pertinence de l'arrestation. Le directeur général de l'association de commerçants, Glenn Castanheira, est arrivé sur place juste après l'intervention. «Personne ne m'a mentionné que le commerçant résistait à son arrestation ou encore qu'il était agressif. Tout ça pour un simple problème de musique? Ce genre d'intervention nous dérange beaucoup», a-t-il dit.

Selon lui, l'arrestation aurait eu lieu une fois que la musique ait finalement été baissée et il ne croit pas qu'il y ait eu abus sonore de la part du commerçant.

«Les gens étaient déçus que les policiers fassent baisser la musique, ça faisait partie de l'animation. Ce qui m'étonne aussi, c'est qu'habituellement, les commerçants passent par notre association pour dénoncer la musique trop forte et hier, nous n'avons reçu aucun appel à ce sujet», a souligné M. Castanheira.

Accusations et constat d'infraction

Le commerçant devra maintenant faire face à la justice. Des accusations de voies de fait, de menaces de mort et d'entrave au travail des policiers seront déposées contre lui.

En plus, il a reçu une amende de 1250 $, incluant les frais, en vertu de la réglementation municipale sur le bruit.

Étant donné que son dossier se retrouve devant les tribunaux, le commerçant refuse de revenir sur ce qu'il a vécu jeudi soir, suivant les conseils de son avocat.

De son côté, la Société de développement du boulevard Saint-Laurent n'a pas l'intention d'en rester là. «D'autres événements sont survenus chez nos membres, notamment au Globe et au Macaroni Bar, et ça nous pousse à nous préoccuper des méthodes du SPVM», a affirmé Glenn Castanheira.

L'association souhaite discuter avec le poste de quartier 38 à ce sujet et a aussi envoyé une lettre au directeur du SPVM, Marc Parent, pour faire part de ses inquiétudes. Une lettre qui, jusqu'à présent, est demeurée sans réponse.