Relations tendues entre manifestants et médias

Les manifestants ont marché dans l'avenue du Mont-Royal, avant d'être abruptement dispersés par le SPVM. Les policiers ont pris certains protestataires à l'écart, puis il y a eu bousculade.

François, un manifestation, affirme avoir reçu un coup de matraque. « Lorsqu'on parle de brutalité médiatique, c'est d'ignorer ce qui vient de se passer, et ensuite prendre une photo des manifestants qui sont fâchés envers les policiers sans montrer ce qui s'est passé avant », lance-t-il.

Les manifestants accusent entre autres les médias de cacher la violence policière dont ils se disent victimes, mais aussi de déformer leur propos, et de tronquer la réalité pour servir leur reportage.
« Leur mauvaise foi constante nous amène à être très méfiants. »
— Vincent, manifestant

Pour Carolane, le lien de confiance avec les médias de masse est tout simplement brisé. « Si le mouvement de grève s'essouffle, c'est à cause des reportages sur les manifestations qui, un à la suite de l'autre, mettent de l'avant le grabuge qui a été fait plutôt que de valoriser les causes du mouvement. Quand il y a eu environ 75 000 personnes dans la rue, on est presque passé inaperçu », soutient-elle.

Louis-Jospeh Couturier, étudiant en science politique, reproche aux reporters de délaisser le fonds des revendications des grévistes pour ce qui est plus spectaculaire. Il donne en exemple le reportage d'une journaliste qui a assisté à l'assemblée générale de son association. « Après une heure et demie de discussion durant lesquelles on a parlé de philosophie politique, de syndicalisme au Québec, des mesures d'austérité, elle en a tiré deux choses : "vive la révolte" et "si on ne fait pas la grève, est-ce qu'il nous reste juste la guérilla?" »

« C'est un exemple probant des mauvaises citations de nos propos qui nous font vraiment refuser de parler aux médias », estime-t-il.

Des journalistes malmenés

La présidente de la Fédération des journalistes du Québec, Lise Millette, ne voit aucun mal à ce que des gens manifestent contre le travail des médias. Des politiciens et des groupes de pression vont aussi s'en plaindre, dit-elle. Mais elle déplore que des manifestants refusent de parler aux journalistes, comme on l'a vu ces dernières semaines. Et qu'on s'en prenne même physiquement à eux.

« On a entendu toutes de sortes de chose, dont des huis clos médiatiques qui allaient jusque dans la rue, où des gens ne pouvaient plus s'exprimer librement. Là, on tombe dans une entrave à la liberté de presse et à liberté d'expression. Puis, quand on a vu des journalistes se faire agresser, se faire bousculer, se faire pousser, c'est là vraiment où on dérape et qu'il y a une cassure dans la société. »
« Ne faites pas en sorte de taire votre voix. Au contraire, exprimez-vous. Faites en sorte qu'on comprenne vos revendications, rompre tous les canaux de communications ne va servir aucune cause. »
— Lise Millette, présidente de la FPJQ

Dimanche, un manifestant a été arrêté pour voie de fait envers un policier. Cinq autres manifestants ont reçu un constat d'infraction pour entrave à la circulation ou pour avoir violé un règlement municipal.

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