Elles se tiennent debout, fixant la caméra, un air de révolte dans les yeux: dans cette vidéo devenue virale, deux jeunes Indiennes rappent pour dénoncer les violences faites aux femmes en Inde. Posté sur YouTube le 16 mars, le clip de BomBaebs intitulé #RapAgainstRape a déjà dépassé les 160 000 vues. Et pour cause, Pankhuri Awasthi et Uppekha Jain y évoquent la misogynie rampante, la violence conjugale, les agressions sexuelles ou encore l’infanticide féminin, jonglant entre l’anglais et l’hindi. Dès les premières secondes, les deux jeunes femmes avertissent les internautes que “ce clip ne contient pas de paroles explicites ou punissables”. Celles-ci ne transcrivent “jamais que la réalité des femmes en Inde qui est, elle, explicite”.

La publication de cette vidéo intervient dans un contexte particulier: l’Inde est en proie à une vive colère alors que le pays est secoué par de nombreuses affaires de viol. Il y a quelque jours, une nonne septuagénaire a été victime d’un viol en réunion. Pourtant, si la société manifeste son indignation dans la rue, le gouvernement est bien plus timoré quand il s’agit d’aborder la question publiquement. Un tribunal a ainsi interdit la diffusion d’un documentaire de la BBC qui revenait sur le viol de Jyoti Singh en 2012 et qui aurait pu “choquer l’ordre public”, d’après les dires du porte-parole de la police de New Delhi, Rajan Bhagat.

J.J.