Mort d'un itinérant: encore un prétexte pour promouvoir le taser pour la police...

Commentaire du COBP: Dans son rapport sur la mort de Farshad Mohammadi aux mains du SPVM en janvier 2012, et reprennant les faux arguments en faveur des tasers, le coroner Jean Brochu affirme que le taser "n'aurait certainement pas causé plus de dommages que n'en a faits le pistolet 9 mm". On pourrait dire la même chose si on décidait d'armer les policiers de sabres ou d'épées: elles causeraient moins de dommages que les guns. Mais là n'est pas la question! C'est plutôt comment on peut venir en aide aux personnes en crise plutôt que de les abattre comme des animaux comme le fait la police. Et on sait que les tasers ne sont pas une alternative aux armes à feu, juste une arme de plus pour la police. Face à une personne qui tient un couteau, un exacto ou un marteau, on enseigne toujours aux policiers du Québec de tirer dans le tas. Et ils savent trop bien qu'ils ne seront jamais punis pour leurs gestes.

Article de La Presse:

Le service de police de la Ville de Montréal devrait fournir des armes à impulsion électrique à un plus grand nombre de ses agents, conclut le rapport du coroner au sujet du décès de Farshad Mohammadi, un itinérant abattu au métro Bonaventure en janvier 2012.

«Face aux voix qui s'opposent à l'utilisation par les policiers du pistolet électrique», le coroner Jean Brochu souligne que ce type d'armes, «lors de l'intervention auprès de monsieur Mohammadi comme lors d'autres événements survenus dans le passé, n'aurait certainement pas causé plus de dommages que n'en a faits le pistolet de 9 mm».

Qui plus est, poursuit-il, dans un endroit aussi fréquenté qu'une station de métro, «il tombe sous le sens que l'utilisation d'une arme intermédiaire, quelle qu'elle soit, est préférable à l'utilisation d'une arme à feu quand l'ensemble des circonstances permet son emploi».

En fait, pour le coroner, on n'a pas utilisé la bonne arme et on n'a pas eu recours aux bons intervenants.

«Encore une fois, il faut déplorer la mort d'une personne souffrant d'un problème de santé mentale. Encore une fois, des policiers se sont retrouvés en première ligne d'intervention auprès d'une personne nécessitant des soins de santé et des services sociaux plutôt qu'une intervention policière.»

Toujours selon le rapport du coroner, Farshad Mohammadi était arrivé seul au Canada en 2006 à titre de réfugié. En juin 2008, il avait été hospitalisé à Toronto en raison de symptômes psychotiques, d'hallucinations auditives et de délire paranoïde.

Une psychose toxique l'a aussitôt après mené à l'Hôpital Douglas, à Montréal. Un test a alors révélé la présence de cannabis dans son urine.

M. Mohammadi a fréquenté divers refuges pour itinérants de Montréal.

Le 6 janvier 2012, il a refusé d'obtempérer à l'ordre d'un policier qui lui demandait de s'identifier et d'arrêter de flâner au métro Bonaventure, comme l'interdit le règlement.

Craignant à un moment donné que M. Mohammadi cherche à l'attaquer à mains nues, le policier sort son bâton télescopique.

Dans les faits, l'homme a dans sa main un exacto avec lequel il poignarde le policier.

Un collègue intervient. M. Mohammadi marche d'un pas décidé vers une autre extrémité de la station de métro.

Parce que cet homme « est une menace pour la vie de toute personne qui se mettra sur sa route», a consigné le policier dans son rapport, il est décidé «qu'il doit être neutralisé».

Les policiers chercheront le meilleur endroit et le meilleur moment pour le faire, tentant toujours d'interpeller M. Mohammadi, en vain.

Disant s'être d'abord assuré qu'il n'y ait personne d'autre dans son angle de tir, le policier tirera d'abord deux coups de feu vers M. Mohammadi, qui se trouve dans un escalier.

« L'homme s'arrête mais ne tombe pas. J'ignore s'il est touché ou juste surpris. Je lui crie une dernière fois : 'Get down' ,mais il ne réagit toujours pas. Je tire donc un coup de plus et vois l'homme tomber», peut-on encore lire dans le rapport policier.

L'autre policier donne un coup de pied à l'exacto pour l'éloigner de M. Mohammadi.

«Pour ma part, écrit le policier, craignant qu'il reprenne conscience et qu'il blesse d'autres personnes, je le menotte au dos. Il n'offre aucune résistance.»

Outre de recommander au service de police de la Ville de Montréal d'équiper plus d'agents et de véhicules de patrouille d'armes intermédiaires comme l'arme à impulsion électrique, le coroner recommande aux services sociaux d'accroître le nombre d'intervenants sociaux aptes à soutenir les policiers dans ce type d'intervention auprès d'itinérants ou de personnes présentant des problèmes mentaux.

Le coroner demande aussi au ministère de la Santé et des Services sociaux de mettre en place des mesures permettant un meilleur suivi de ces personnes.

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Corp policier (SPVM, SQ, GRC, agent de la STM, etc): 

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