Mort de Donald Ménard: le dossier soumis au procureur

Publié le 04 avril 2014 à 08h00

David Santerre
La Presse

Le sort des policiers montréalais qui sont intervenus auprès de Donald Ménard avant son décès, le 11 novembre dernier, est maintenant entre les mains de la Justice.

La Sûreté du Québec a terminé son enquête, et les proches de l'homme souffrant de problèmes psychiatriques sont impatients d'être enfin éclairés sur les circonstances de sa mort.

Vers 17h30 ce soir-là, policiers et ambulanciers ont été appelés dans une maison de chambres de la rue Saint-André, angle Ontario. Une femme venait d'y subir un malaise.

À leur arrivée sur place, deux hommes étaient près de la dame. L'un d'eux a alors accusé l'autre, Donald Ménard, de l'avoir frappé. C'est alors que celui-ci aurait foncé sur les deux policiers pour sortir de la chambre.

Il a été pourchassé dans le couloir, où il s'est retrouvé dans un cul-de-sac. Deux autres policiers sont arrivés et une bagarre a éclaté entre le costaud pesant 100 kilos et les quatre agents.

Celui-ci était si déchaîné, selon la version policière, qu'il a cassé plusieurs dents à un agent qui a dû être hospitalisé.

Pour le maîtriser, les policiers auraient utilisé du poivre de Cayenne et leurs bâtons télescopiques. Dans les instants suivant l'intervention, le SPVM allait lui-même affirmer qu'un pistolet électrique, le taser gun, avait été utilisé. Un témoin et résidant de la maison de chambres où le drame s'est joué a affirmé lui aussi avoir vu les policiers utiliser le taser.

Mais selon une source près du dossier, le taser n'aurait pas fonctionné. Ce qui n'exclut pas qu'il ait pu être dégainé, mais son rôle dans le décès de l'homme de 41 ans, qui allait rendre l'âme peu de temps après, reste improbable.

Comme le SPVM est impliqué dans l'intervention mortelle, l'enquête a été confiée à la Sûreté du Québec, qui a récemment annoncé que l'enquête était close. Comme c'est toujours le cas, le dossier au Directeur des poursuites criminelles et pénales qui décidera si des accusations doivent être portées.

L'affaire étant d'une grande délicatesse, aucune des parties impliquées n'a voulu donner le moindre indice sur les conclusions de l'enquête.

Donald Ménard est-il mort des suites des coups de bâton? D'un arrêt cardiaque causé par son état d'agitation ou des substances qu'il aurait pu consommer ?

C'est ce que se demandent toujours ses proches, qui résident dans la région de Victoriaville.

Donald Ménard était hospitalisé à l'institut Philippe-Pinel, sur ordre du Tribunal, après avoir été déclaré non criminellement responsable d'une infraction pour cause de troubles mentaux, à Shawinigan. Ce n'était pas la première fois qu'il était soumis à un tel verdict.

L'institut psychiatrique l'avait porté manquant la veille de son décès, dimanche le 10 novembre.

«Il avait passé la fin de semaine chez sa mère, avec ses deux enfants. Dimanche, il avait pris l'autobus pour retourner comme prévu à l'hôpital, mais il ne voulait pas y aller. Nous étions inquiets. Il n'a pas dû y aller», raconte la soeur de Donald Ménard.

«Je lui parlais tous les jours. Il souffrait de troubles mentaux, probablement la schizophrénie, mais il semblait mieux aller depuis un bout. On se pose beaucoup de questions. C'est très difficile encore. J'ai peu d'espoir de voir des policiers être sanctionnés», déplore-t-elle.

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