Loukanikos, le chien manifestant contre l'austérité, est mort

Le journal de gauche grec Afghi a annoncé jeudi le décès récent de la plus insolite figure des manifestations contre l'austérité qui ont embrasé Athènes : le chien errant Loukanikos, personnalité de l'année 2011 du magazine Time pour sa constance à montrer les crocs contre les forces antiémeute.

C'est cette ardeur qui aurait eu raison du héros canin : le quotidien avance, citant un vétérinaire qui le suivait, que la santé de Loukanikos («saucisse» en grec, surnom que lui auraient donné des manifestants) a souffert des quantités de gaz lacrymogène inhalées durant les manifestations accompagnées d'incidents sévèrement réprimés par la police, de 2009 à 2012.

«Ses entrailles ont été noyées par les gaz de la police, son corps était couvert des blessures de leurs matraques», s'enflamme Afghi, quotidien proche du parti de la gauche radicale Syriza.

Il y a deux ans, Loukanikos avait quitté le front des manifestations, «rentrant fourbu et malade» chez son protecteur, un Athénien qui l'avait baptisé, bien avant les manifestations, «Théodore». Il y est décédé dans son sommeil à une date qui n'est pas précisée et «repose à l'ombre d'un arbre sur une colline du centre de la capitale».

L'animal au poil blond rosé était l'un de ces nombreux chiens errants, néanmoins identifiés par le port d'un collier, qui sont légion dans les villes grecques ne disposant pas de suffisamment de refuges pour les animaux abandonnés.

Repéré dès les premières manifestations de masse contre l'austérité par les photographes de presse, qui en avaient fait un de leurs sujets favoris, Loukanikos avait acquis une célébrité mondiale lorsque le magazine américain Time en avait fait l'une de ses «personnalités de l'année» 2011, aux côtés d'autres manifestants qui avaient battu le pavé cette année-là dans le monde entier, depuis les révolutions du printemps arabe jusqu'au mouvement «Occupy Wall Street».

Loukanikos possède un compte Facebook et une page Wikipédia qu'il partage avec d'autres agitateurs canins grecs sous le nom «Riot dog» («chien d'émeute»). L'annonce de son décès a déclenché des dizaines de messages sur Twitter.