Jacques Nadeau dénonce un manque total de respect

Photographe depuis 20 ans pour «Le Devoir», Jacques Nadeau, a témoigné lundi devant la commission spéciale d'examen du printemps 2012 (CSEEP), décrivant comment les policiers avaient entravé à maintes reprises son travail de journaliste durant les manifestations étudiantes.

Jacques Nadeau a raconté comment le 16 mai 2012 il a été volontairement renversé par une cavalière du service de police de la ville de Montréal (SPVM) qu'il a décrit comme ayant une «très grande expérience.»

Alors qu'il courrait sur un large trottoir pour s'avancer vers son sujet près de la rue Saint-Antoine à Montréal lors d'une manifestation, le photographe a «senti une poussée dans le dos», comme il n'en avait jamais senti.

«C'est comme une masse qui vous écrase, a-t-il poursuivi. Je me suis retrouvé étourdi les pattes du cheval autour de ma tête. J'ai reçu l'aide de personnes qui m'ont soulevé. J'avais mal au ventre».

Un de ses trois appareils photo placé devant lui est rentré dans son ventre au moment de la chute.

Le lendemain des faits, il a revu la cavalière qui lui aurait répondu : «Je n'ai pas fait exprès, mais je savais où j'allais».

«J'étais abasourdi d'entendre une phrase pareille», a commenté le journaliste. Quelques jours après, il a eu un entretien avec le commandant Ian Lafrenière du SPVM, mais il n'a pas obtenu d'excuses.

Un langage «vulgaire et méprisant»

Outre cet incident qui lui a valu des contusions et le rachat d'un appareil photo à 10 000$, Jacques Nadeau a aussi été témoin d'autres scènes où des journalistes ont été maltraités.

«Pour moi, tenir un photographe de presse à genoux parce qu'on ne veut pas qu'il prenne des images de loin, c'est un manque total de respect», a-t-il expliqué. Il a aussi noté un changement à partir du 22 mars 2012 dans le langage des policiers, devenu «plus vulgaire et méprisant.»

Au regard de ses expériences professionnelles passées dans les zones de conflit, le photographe a estimé n'avoir jamais autant reçu de gaz aussi près de lui.

«J'ai été gazé au sommet des Amériques de Québec, mais pas aussi près que ça», a affirmé le photographe, assurant que les jets de poivre de Cayenne étaient faits à un mètre de ses yeux.

«Ce n'est pas une bonne idée d'être étudiant quand tu fais une manifestation», a conclu Jacques Nadeau, en soulignant que depuis juin 2012 toutes les manifestations sont étouffées dans l'œuf.

Les travaux de la commission se poursuivront mardi avec le témoignage du directeur général adjoint de la Sûreté du Québec, Marcel Savard.

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