Injonction à l'UQAM : prolongée et ignorée

Des manifestants ont défié lundi, de 11 h à 13 h, l'injonction que l'UQAM venait d'obtenir en Cour supérieure. Quelques dizaines de manifestants masqués ont bloqué l'entrée ou la sortie des classes, pendant que d'autres perturbaient le déroulement des cours en faisant du bruit au pavillon J.-A.-DeSève.

Les manifestants ont frappé sur des poubelles de plastique et soufflé dans des trompettes de carnaval, perturbant les cours sous l'oeil excédé d'autres étudiants, qui ne sont théoriquement pas touchés par la grève et qui tentaient d'assister à leurs cours.

« On a un cours juste en bas - un cours de macro - et on pensait que le plafond était pour défoncer, a expliqué un étudiant. On est montés pour voir ce qui se passait... Il y a du monde masqué, visiblement », a-t-il ajouté.

« Nous autres, on est au deuxième étage, a précisé une autre étudiante. On a un cours d'économie. Les gens dans le fond ne comprennent pas ce que le prof dit. On est dérangés. Déjà que ça fait deux semaines qu'on n'a pas eu de cours. On ne peut pas reporter l'examen puisqu'on est déjà en congé le 4 mai. »

Des gardiens de sécurité de l'université étaient sur les lieux, mais se sont pas intervenus, et des agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) patrouillaient dans le secteur de l'UQAM.
Les manifestants continuent de perturber les cours à l'UQAM, défiant ainsi une injonction. Les manifestants continuent de perturber les cours à l'UQAM, défiant ainsi une injonction. Photo : Radio-Canada/ Julie Marceau

La secrétaire aux communications par intérim de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE), Andra Florea, a indiqué que « le principe est uniquement de perturber les cours qui sont en grève ».

« L'éducation est un droit collectif qui doit passer, selon nous, avant le droit individuel à cette éducation », a-t-elle plaidé.
« Quand une classe est presque vide, avec cinq ou six étudiants à l'intérieur qui ont accès à un cours et que tous les autres sont pénalisés, je ne pense pas que ça respecte le droit à l'éducation. »

Prolongation de l'ordonnance de sauvegarde

La direction de l'UQAM avait tout juste obtenu une prolongation de l'injonction de la Cour supérieure du Québec lorsque les manifestants ont investi le pavillon J.-A.-DeSève. L'injonction, désormais appelée ordonnance de sauvegarde, est prolongé jusqu'au 21 juillet prochain.

La décision de la Cour vise à permettre à l'établissement de dispenser l'enseignement à ses étudiants. L'ordonnance de sauvegarde accordée à l'UQAM maintient donc l'interdiction faite aux manifestants d'empêcher l'accès, la sortie et la libre circulation aux pavillons et immeubles de l'UQAM.

Avant d'accorder l'ordonnance de sauvegarde, le juge Martin Castonguay a demandé aux avocats de l'institution d'enseignement qu'elle était l'urgence de renouveler l'injonction, considérant leur peu d'empressement à la faire respecter.

« En dépit d'un jugement, le temps de réaction de l'Université a été relativement long », a fait remarquer le juge, en faisant référence à l'occupation des locaux de l'établissement la semaine dernière. « On ne veut pas de gens masqués chez soi, vous aviez une ordonnance, l'intervention aurait dû être plus rapide. Le tribunal se posait des questions... vu les dérapages rapportés dans les médias. »

L'avocate de l'UQAM a répondu que l'établissement a voulu répondre aux événements avec une gradation. « L'UQAM a une tradition de discussions », a plaidé l'avocate de l'institution. Une explication qui a fini par convaincre le juge, qui leur a accordé la prolongation.
« Le tribunal juge que ce n'est pas acceptable que des gens masqués entrent à l'université. Vous avez l'outil juridique nécessaire pour faire respecter le droit de ceux qui veulent poursuivre leurs études. »
— Martin Castonguay

« Je trouve que c'est encore une fois une grosse répression judiciaire qui vise à ne pas respecter les votes démocratiques portés par les assemblées locales au sein de l'UQAM, déplore Mme Flora. C'est encore une fois de répondre à la démocratie par la violence. »

L'injonction précédente obtenue par l'UQAM arrivait à échéance aujourd'hui. Dans ce précédent jugement, le juge Robert Mongeon rappelait que le droit québécois ne reconnaît aucune légitimité aux votes de grève des associations étudiantes. Il s'agit, selon le juge Mongeon, d'un boycottage qui se fait sur une base individuelle.

Une affirmation que réfute l'ASSE. « Le droit de grève et un droit historique qui est reconnu depuis toutes les dernières années, les dernières grèves, argue-t-elle. Il y a eu reconnaissance de ce droit. »

L'injonction avait été accordée à la suite du blocage des locaux de l'UQAM par des manifestants. Ces derniers avaient empêché quelque 14 000 étudiants de l'École des sciences de la gestion (ESG) d'assister à leurs cours au début du mois d'avril, bien qu'ils ne soient pas en grève.

Des professeurs se distancient de leur syndicat

Dans une lettre ouverte, près de 200 professeurs de l'UQAM ont pris leur distance de leur syndicat, dont les représentants font des interventions qui « font énormément de tort à l'UQAM et contribuent à amplifier le niveau de crise institutionnelle ».

Les signataires du texte font référence notamment à une entrevue de la présidente du syndicat, Michèle Nevert, à la radio de Radio-Canada et dans laquelle pressait le recteur de renoncer à faire appel aux policiers et à abandonner le renouvellement de l'injonction obtenue des tribunaux.

Les professeurs, qui affirment ne pas se reconnaître dans ces positions, saluent « cependant l'appel au calme du syndicat lors d'un point de presse vendredi après-midi, venu tardivement », d'après eux.

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