Au Royaume-Uni, la police confond terroristes et manifestants anti-capitalistes !

Par maladresse ou par méconnaissance, la police londonienne a associé le mouvement pacifique et anti-capitaliste «Occupy London» aux terroristes d' Al-Qaïda dans une documentation visant à alerter sur les risques d'attentats dans la capitale.

Le document, que le journal britannique The Guardian s'est procuré, a été baptisé «Fawn project» (le projet faon, en français). Il a été distribué aux crèches et aux écoles londoniennes par la police afin de sensibiliser ces acteurs sur les menaces terroristes qui pèsent actuellement sur le Royaume-Uni.

Une brochure très complète dans laquelle sont évoqués les attentats de Bombay en 2008, la prise d'otages du café de Sydney en 2014 ou encore l'attaque de Charlie Hebdo en France début 2015. Les policiers britanniques y donnent ainsi des conseils sur les réactions à avoir en cas d'alerte, et sur les méthodes couramment utilisées par Al-Qaïda

Mais au chapitre intitulé «menaces intérieures», les choses se gâtent ! Faisant apparemement référence à l'extrêmisme politique à droite comme à gauche -en utilisant les acronymes de «xrw» et «xlw» - le document associe pêle-mêle les protestations étudiantes, les défenseurs de la cause animale, et le mouvement «Occupy London».

Le tout illustré par un montage photos plutôt étonnant. A droite: un bus à impériale déchiqueté (attentats de Londres en 2005); au centre, un bâtiment londonnien éventré par une bombe de l'IRA (1996); enfin à gauche: un campement de tentes d'«Occupy London» devant la cathédrale Saint-Paul avec cette banderole «Le capitalisme est la crise» (octobre 2011).

Interrogé par The Guardian, Kevin Blowe, du groupe Network -réseau de surveillance de la police- dénonce cet amalgame de langage qui reflète selon lui également le manque de stratégie et de clairvoyance de la police en matière de terrorisme. «Les programmes de prévention du terrorisme de la police ciblent et stigmatisent d'ordinaire la communauté musulmane, mais avec le "Projet Faon" on se rend compte que les autorités n'hésitent pas à associer tous les groupes ou communautés qu'elles n'aiment pas ou qu'elles considèrent comme une gêne. Ces photos montrent le mépris qu'a la police pour la liberté d'expression et le droit de se réunir dans une société libre» conclut ce militant

Interrogé par RT au Royaume-Uni, Matthew Varnham qui a participé à l'occupation de la cathédrale Saint-Paul de Londres exprime lui-aussi son dégoût: «On nous traite d'extrêmistes, c'est une chose et ce n'est pas nouveau mais ce qui me gêne beaucoup plus, c'est que la mucipalité de Londres et la police puissent voir dans un mouvement aussi pacifiste que le nôtre un groupe terroriste. Je suis particulièrement dégoûté de voir qu'une photo de notre campement puisse être accolée à l'image d'un bus dévasté juste après l'attentat à la bombe du 7 juillet 2005». Puis revenant sur les heurts avec la police et les arrestations de nombreux militants de «Occupy Democraty» qui campaient devant le Parlement cet hiver, il conclut: «les vrais terroristes sont ceux qui empêchent les citoyens d'exprimer leurs idées».

Face au tollé, la police britannique a préféré quant à elle faire profil bas. Le porte-parole de la police londonienne a ainsi assuré qu'il ne s'agissait en aucun cas d'associer ces groupes de manifestants à des terroristes mais de profiter de l'occasion de la diffusion de cette brochure pour évoquer les potentielles perturbations que peuvent connaître les établissement scolaires situés dans le quartier londonien de la Finance. Bref, un rétro-pédalage dans les règles de l'art.

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